Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Milward, Bob, Globalisation ? Internationalisation and Monopoly Capitalism. Historical Processes and Capitalist Dynamism, Northampton, ma, Edward Elgar Publishing, 2003, 244 p.[Record]

  • Yves Laberge

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  • Yves Laberge
    Département de sociologie
    Université Laval, Québec

Selon l’économiste Bob Milward, le phénomène de la mondialisation tel que nous l’appréhendons désormais ne saurait être limité uniquement à ses dimensions économiques ou sociales ; il importe d’en observer toutes les dimensions et les répercussions sur le plan culturel, technologique et même environnemental (p. 13). L’auteur est chargé de cours à l’University of Central Lancashire, en Angleterre. Le but de son deuxième livre est de démontrer que depuis quelques décennies, la course aux profits et aux nouveaux marchés dans tous les domaines, y compris celui du divertissement, nous conduit vers une sorte de reconfiguration du paysage politique, social, culturel, et que ce modèle artificiel et standardisé devient néanmoins de plus en plus répandu, voire universel, donc normal, validé, indiscutable (p. 131). Pourtant, le débat sur les conséquences du capitalisme et de la mondialisation demeure plus que jamais nécessaire, à une époque où la globalisation pourrait apparaître comme un euphémisme pour désigner le capitalisme triomphant et sans alternative. Ouvrage bref et d’une concision peu fréquente, Globalisation ? Internationalisation and Monopoly Capitalism. Historical Processes and Capitalist Dynamism se subdivise en 14 parties, correspondant chacune à un thème très précis décrivant une facette particulière de la mondialisation : l’internationalisation, l’industrie, la culture, le commerce, le travail, le sous-développement, la régulation, etc. L’auteur affirme dès l’introduction que le phénomène de globalisation auquel nous assistons depuis deux décennies est lié de très près aux suites de l’effondrement de l’empire soviétique (p. 2). Selon Bob Milward, il ne suffit pas de donner un autre nom à une nouvelle phase du capitalisme triomphant tel que nous le vivons, mais bien de considérer la globalisation comme étant « la plus importante question philosophique de toute l’histoire » (p. 4). Partant de ce constat pour le moins péremptoire, l’auteur empruntera (tout comme pour son premier livre, datant de 2000) un cadre théorique proche de l’économie politique d’inspiration marxienne. Le deuxième chapitre est plus conceptuel et passe en revue quelques définitions de la globalisation : celle du sociologue Roland Robertson, en termes de postmodernité, mais aussi celles de Giddens, Petrella, Weiss (p. 14). La définition de la globalisation qui est retenue entre toutes se trouve ici formulée en des termes économiques : « mouvement des biens, services, capitaux et travailleurs autour du globe, dans des interactions coordonnées et institutionnalisées, selon lesquelles un ensemble de relations à l’échelle globale maximisent l’usage des ressources limitées de diverses provenances » (p. 11). Selon Milward, l’une des conséquences de ce phénomène de la globalisation serait de rendre les États-nations pratiquement impuissants face à ces vastes mouvements incontrôlables et à plusieurs dimensions. Ce seraient des tendances de fond, inévitables, dit-on souvent, qui empêcheraient toute remise en question du modèle capitaliste, bien qu’il existe des échelons et des degrés qui permettent de distinguer la globalisation forte de celle qui serait plus faible (p. 19). Le chapitre se termine par une critique de la globalisation (p. 23), pour ensuite présenter le modèle d’internationalisation dans un contexte néo-libéral, élaboré au troisième chapitre. Très révélateur, le quatrième chapitre rappelle la tendance monopolistique du capitalisme tel que défini par Marx et Lénine (p. 38). Des données statistiques récentes quantifient les innombrables fusions et les acquisitions à grande échelle ayant eu lieu depuis une vingtaine d’années, principalement aux États-Unis, pour diagnostiquer un modèle économique qui ne correspond pas tout à fait à celui du monopole, mais plutôt à celui de l’oligopole (un monopole de fait, maintenu par une poignée de partenaires ayant les mêmes intérêts, mais en apparence concurrents) (p. 44). Le cinquième chapitre sur la finance mondialisée réaffirme, malgré leur instabilité, le pouvoir des institutions financières transnationales et de …