Comptes rendus : Régionalisme et régions - Amériques

Legault, Albert (dir.), Le Canada dans l'orbite américaine. La mort des théories intégrationnistes ?, coll. Politique étrangère et sécurité, Sainte-Foy, qc, Les Presses de l'Université Laval, 2004, 162 p.[Record]

  • Dany Deschênes

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  • Dany Deschênes
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

Dans les relations entre le Canada et les États-Unis, les attentats de septembre 2001 ont réaffirmé que les enjeux économiques et de sécurité sont intimement liés. Ce collectif, publié sous la direction du professeur Albert Legault, vise à analyser les relations entre les deux partenaires à travers plusieurs dimensions de ces enjeux. Dans cette optique, les contributions des auteurs s’inscrivent généralement dans les diverses facettes du débat sur la formulation de la politique étrangère et de sécurité canadienne à l’égard de son puissant voisin du sud et d’une certaine façon, dans le cadre de l’espace continental nord-américain. L’ouvrage est composé de cinq chapitres en plus d’un chapitre introductif et d’une courte conclusion. Dans le chapitre présentation, qui sert véritablement d’introduction, on rappelle très succinctement les dimensions théoriques et analytiques touchant l’intégration (au sens large) et la politique étrangère du Canada vis-à-vis des États-Unis. On constate que l’évolution des relations entre les deux partenaires ne semble ni correspondre aux modèles théoriques de l’intégration ni aux modèles traditionnels des relations canado-américaines. C’est pourquoi on propose de reprendre le modèle tridimensionnel de l’économiste Daniel Schwanen – visant à reconceptualiser les relations entre les deux partenaires – en modifiant toutefois les variables. Si l’on constate l’ancienneté de la coopération entre les États-Unis et le Canada dans divers domaines comme les industries de la défense, le pacte de l’automobile, le norad, etc., on remarque également que les conceptions américaines et canadiennes ne sont pas nécessairement identiques. En fait, le point nodal apparaît être une forme de plus en plus poussée d’interopérabilité – notion qui demeure à être définie comme le souligne Legault – plutôt qu’une forme d’intégration proprement dite. Les chapitres suivants visent à illustrer cette hypothèse à travers divers exemples. Écrit par André Donneur et Valentin Chirica, le premier chapitre s’intéresse à l’immigration et la sécurité frontalière entre les deux États. Les auteurs dressent tout d’abord le portrait général du cadre bilatéral de la coopération entre les deux voisins avant et surtout après les attentats. La seconde partie s’attarde à la législation canadienne sur l’immigration, dont la révision avait débuté avant le 11 septembre 2001. Les auteurs décrivent le processus et les enjeux auxquels doit répondre la nouvelle loi dans le cadre sécuritaire post 11 septembre. À cet égard, ils analysent également la loi antiterroriste canadienne (C-36) qui influence également les questions frontalières et de l’immigration ainsi que les différences notables entre les législations canadiennes et américaines sur ces questions. Pour les deux auteurs, même s’il y a une certaine convergence entre les objectifs et une coopération de plus en plus étroite depuis le 11 septembre 2001, le Canada demeure le maître d’oeuvre de sa politique d’immigration. Le second chapitre poursuit et élargit la réflexion sur les dimensions sécuritaires. Athanasios Hristoulas et Stéphane Roussel se penchent sur la construction d’une communauté ou d’un périmètre de sécurité entre les trois partenaires de l’Amérique du Nord (Canada, États-Unis et Mexique). En premier lieu, les deux auteurs constatent que les liens entre l’intégration économique et l’intégration en matière de sécurité demeurent peu étudiés bien que l’exemple européen permette de faire quelques constats. Selon eux, différents facteurs – au nombre de six – peuvent induire la formation d’une communauté nord-américaine de sécurité comme la croissance des échanges commerciaux, la transformation des menaces à la sécurité, etc. Or, si ces facteurs sont présents, les obstacles à la construction d’un trilatéralisme sécuritaire sont aussi très présents ; Hristoulas et Roussel en recensent huit allant de l’asymétrie de puissance entre les acteurs aux différences linguistiques. Bien entendu, ces obstacles ne sont pas tous du même ordre et à terme, la …