Comptes rendus : Environnement

Chambers, W. Bradnee et Jessica F. Green (dir.), Reforming International Environmental Governance. From Institutional Limits to Innovative Reforms, New York, United Nations University Press, 2005, 234 p.[Record]

  • Évelyne Dufault

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  • Évelyne Dufault
    cedrie, Université de Montréal

Cet ouvrage collectif s’inscrit dans le débat sur la gouvernance internationale de l’environnement. Il offre une contribution à la discussion sur les changements nécessaires afin d’améliorer l’efficacité du système de gouvernance mondiale dans le domaine de l’environnement. Il examine les principales institutions internationales qui le composent et aborde les différentes solutions institutionnelles qui sont mises de l’avant depuis une décennie. En introduction à l’ouvrage, Chambers et Green brossent un portrait global des obstacles à la mise en oeuvre du développement durable à l’échelle globale. D’abord, la fragmentation des institutions internationales dans le domaine de l’environnement, l’absence de mécanismes de coordination adéquats, la spécialisation et le cloisonnement des politiques diminueraient l’efficacité du système de gouvernance. La complexité de la substance des politiques de développement durable, à laquelle s’ajoute l’incertitude scientifique, serait également problématique. Face à ce constat, les auteurs énoncent trois critères sur lesquels toute réforme devrait s’appuyer : la cohérence, la centralisation et la conformité. Chambers, dans le premier chapitre, retrace l’historique de trente années de coordination des questions environnementales au sein des Nations Unies, du Sommet de Stockholm à celui de Johannesburg, en passant par Rio. Il met en lumière les conflits entre les différentes organisations des Nations Unies et les tentatives plus ou moins fructueuses de renouveler le Programme des Nations Unies pour l’environnement (pnue) à partir de 1997 afin de lui redonner un rôle plus central dans la coordination de la protection de l’environnement. Chambers conclut que le pilier environnemental du développement durable est faible par rapport à l’économique et au social et que le paysage institutionnel actuel est devenu si complexe qu’un renforcement des institutions environnementales est nécessaire. La coordination intersectorielle demeurera par ailleurs le plus grand défi à relever. Les sept autres chapitres s’attachent chacun à explorer une option de réforme de la gouvernance internationale de l’environnement. Oberthür examine les potentialités et les limites du regroupement (ou clustering) des accords multilatéraux environnementaux (ame). Plusieurs types de regroupements sont envisagés, dont le regroupement des organisations (secrétariats des ame, par exemple), des fonctions des ame (financement, conformité, recherche scientifique, etc.), selon les régions ou selon les thèmes qu’ils couvrent (biodiversité, atmosphère, produits toxiques, etc.). Si le regroupement pourrait permettre de rationaliser le système de gouvernance, il risque aussi notamment de créer des dysfonctionnements et de rencontrer des obstacles légaux. Cette option devrait être vue davantage comme un cadre général pour une réforme que comme une recette à appliquer. Le renforcement du pnue est une autre solution fréquemment évoquée. Tarasofsky s’y attaque et, après avoir décrit les rôles et fonctions du pnue ainsi que les processus de réforme en cours, il conclut que le succès de ces tentatives dépendra du soutien politique et financier des gouvernements et de la société civile. Les propositions visant le renforcement du pnue s’appuient sur ses forces (évaluation scientifique, formulation de politiques, structure régionale, etc.) et pourraient permettre une approche innovatrice et intégrative de la gouvernance. Elles seraient en mesure d’améliorer l’interface entre science et politique, le financement du pnue, la participation de la société civile et l’influence du pnue aux niveaux national et international. L’option de réforme de la gouvernance la plus souvent citée est sans contredit la création d’une organisation mondiale de l’environnement (ome), dont traite Charnovitz dans le quatrième chapitre. Ayant émergé dans les années 1970, l’idée d’une ome a su rallier de nombreuses voix mais a aussi suscité de vives critiques. Cette proposition a aussi fait l’objet de nombreuses variantes qui privilégient toutes la centralisation à divers degrés. Charnovitz croit qu’une ome très centralisée n’est pas réalisable et propose plutôt …