Comptes rendus : Développement et coopération internationale

Kamara, Nangnigui David, Christian Edmond Bepi Pout et Davidson William Taffotien Assanvo, Les technologies de l’information et de la communication (tic) et la diplomatie en Afrique. Défis et enjeux, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2006, 233 p.[Record]

  • Saïd Hamdouni

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  • Saïd Hamdouni
    Faculté de droit, Université des sciences sociales Toulouse 1, France

La thématique des technologies de l’information et de la communication (tic) en Afrique a, ces dernières années, fait l’objet d’une littérature relativement abondante. L’approche et l’angle d’attaque sont, le plus souvent, liés à l’insertion des tic dans les territoires africains. La mauvaise qualité de l’équipement est un obstacle majeur qui marginalise le continent et le détache de l’économie mondialisée. En somme, la réflexion a jusqu’à présent porté sur la manière de tirer profit des possibilités offertes par ces technologies pour multiplier les échanges, valoriser les complémentarités et produire des contenus de qualité aptes à faire apprécier les ressources et potentialités africaines par l’extérieur. La singularité de cet ouvrage réside certainement dans sa problématique originale, qui a pour préoccupation centrale l’articulation des tic et des activités diplomatiques pour le développement et la visibilité des États africains. Voilà une approche sinon pertinente, du moins nouvelle, qui garde à l’esprit que l’objectif majeur de tous les efforts est la réduction de moitié du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté d’ici 2015, tel qu’il est prévu dans la Déclaration du millénaire des Nations Unies. À partir de là, trois parties structurent cet ouvrage. Dans la première, les auteurs plantent le décor de ce qu’advient la coopération pour le développement au regard des mutations de la scène internationale. La mondialisation, en tant que concept polysémique et aux facettes multiples (chap. 1), bouleverse les structures économiques, sociales, politiques de la société internationale. Cela ne peut s’opérer, bien évidemment, sans avoir des implications directes ou indirectes sur le système de fonctionnement des institutions nationales et internationales. La diplomatie n’échappe pas à cette nouvelle donne. Elle se trouve au confluent de deux logiques : la logique marchande, où la diplomatie se préoccupe de faire des affaires, de gagner des contrats, des parts de marché, d’attirer les investisseurs et de permettre la bonne marche de l’économie mondiale ; et la logique de solidarité, qui quant à elle est issue du Sommet du millénaire. La lutte contre la pauvreté devient plus que jamais la préoccupation de la diplomatie et de la coopération internationale. Celle-ci ne date pas d’aujourd’hui. Son analyse (chap. 2) renvoie à l’établissement de l’état des lieux de 40 ans d’action et d’efforts en la matière. En ce sens, les auteurs ont, d’une part, passé en revue les traits saillants de la pensée africaniste sur le développement (la décolonisation, la radicalisation et l’ajustement) et d’autre part, ont relancé l’action et la réflexion sur les trajectoires de sortie de crise des pays en développement. Trois approches ont été retenues. La première est celle des Institutions de Bretton Woods, marquée par un allègement de la Politique d’ajustement structurelle et par un renforcement de la conditionnalité de l’aide de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. La deuxième approche est celle qui consiste à établir un comparatif entre la manière de voir de la France et des États-Unis d’Amérique. Si la perspective américaine repose fondamentalement sur le postulat trade but no aid, celle de la France ne rompt pas radicalement avec les formes traditionnelles de coopération. Si l’aide est toujours présente dans la politique africaine de la France, les investissements privés sont toutefois de plus en plus encouragés. La troisième approche est africaine et repose sur la vision développée dans le cadre du nepad (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique). Elle consiste à dire que le développement doit engager les pays africains individuellement et collectivement dans trois directions : paix, démocratie et justice. Pour ce faire, tous les moyens doivent être mobilisés, y compris et surtout les tic. La deuxième partie …