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L’ouvrage recensé offre une analyse détaillée du contexte, des acteurs principaux et des grandes lignes de la politique étrangère canadienne en s’appuyant sur des explications descriptives de concepts de base comme la politique étrangère, la puissance, l’alliance, etc. Fidèle à la structure originale de la première version rédigée par Kim Richard Nossal en 1985, cet ouvrage sera d’une grande utilité surtout pour les étudiants qui s’intéressent à la politique étrangère canadienne. Cette cinquième édition mise à jour et améliorée de l’ouvrage en anglais par Nossal et ses coauteurs francophones Roussel et Paquin fait suite à deux rééditions anglaises et à une mise à jour en français sous le nom de Politique internationale et défense au Canada et au Québec (2007).

Les auteurs tentent de répondre aux multiples questions autour de trois niveaux d’analyse majeurs (international, national et gouvernemental) : Qu’est-ce que la politique étrangère et qu’est-ce qui détermine la politique étrangère d’un pays sur la scène internationale ? De quelle façon se produisent les décisions de politique étrangère ? Comment les environnements externe et interne affectent-ils les acteurs et les processus de la politique étrangère canadienne ? Comment peut-on observer la politique étrangère canadienne, et ce, à travers les changements internationaux contemporaines tels que la fin de la guerre froide et les attentats du 11 septembre 2001 ?

Tout d’abord, il s’agit d’un ouvrage qui ne construit pas un cadre théorique de politique étrangère. L’État demeurant au centre de l’analyse, les auteurs présentent un plan théorique qui englobe également les variables identitaires et culturelles. En d’autres termes, il en ressort que c’est une perspective d’analyse de la politique étrangère qui synthétise le poids de l’environnement international, le rôle de la société civile, l’impact de l’histoire et les idées dominantes en tant que principaux éléments du processus de prise de décision.

Le livre est divisé en deux grandes parties dont la première explore le contexte et les déterminants internes (démographie, économie, régime politique, culture) et externes (géographie, puissance des États voisins) de la politique étrangère canadienne. D’un côté, les auteurs se penchent sur les images du Canada comme « puissance moyenne », « satellite des États-Unis » ou « puissance majeure » en se basant sur la position internationale du Canada. D’un autre côté, ils mettent en valeur les quatre systèmes d’idées qui coexistent et structurent le paysage politique canadien : l’impérialisme, l’isolationnisme, l’internationalisme et le continentalisme. Les auteurs indiquent notamment les rapports du Canada avec son partenaire privilégié, le Royaume-Uni, puis avec les États-Unis.

La deuxième partie analyse d’une manière historique la dynamique de l’appareil gouvernemental, d’où les principaux acteurs (premier ministre, Cabinet, ministres des Affaires étrangères et de la Défense, bureaucratie et Parlement) participent à la mise en place des politiques. Les auteurs soulignent avec justesse l’impact des interactions et des conflits d’intérêts entre les divers groupes sociaux intéressés à la politique étrangère du pays.

En outre, les auteurs s’attaquent aux différentes étapes de la formulation et de la mise en oeuvre d’une politique donnée ainsi que des facteurs institutionnels, culturels ou psychologiques qui affectent les décisions des leaders politiques. Par cette étude sur les acteurs et le processus qui s’avère très pertinente, les auteurs de l’ouvrage cherchent ainsi à observer les décisions qui définissent le rôle du Canada dans le monde et les conditions internes et externes dans lesquelles ces décisions sont prises. Parallèlement, le dernier chapitre de la seconde partie met l’accent sur le rôle que jouent les provinces canadiennes, surtout le Québec, comme acteurs internationaux et sur les origines de la « paradiplomatie identitaire » de cette province. Les auteurs se prononcent également sur l’impact du système politique fédéral en ce qui concerne la politique étrangère, tout en proposant une explication des notions telles que la « paradiplomatie » et la « protodiplomatie ». L’analyse en profondeur de l’influence du fédéralisme sur la conduite de la politique étrangère mérite d’être soulignée à ce propos.

En somme, il s’agit d’un manuel idéal pour les étudiants qui s’initient à la politique étrangère et s’intéressent plus particulièrement au Canada. La structure de l’ouvrage ne se distingue pas de façon marquée de celle que les auteurs ont choisie pour Politique internationale et défense au Canada et au Québec. Toutefois, les deux chapitres portant sur le fédéralisme canadien, les provinces et la politique étrangère sont insérés ici dans la deuxième grande section de l’ouvrage, où l’on trouve des mises à jour importantes sur la période allant de 2007 à nos jours. De surcroît, on présente à la fin une chronologie assez riche et nécessaire pour ce type d’ouvrage. Cela dit, il nous semble que cet ouvrage satisfera surtout le lectorat anglophone, et dans une moindre mesure le lectorat francophone intéressé par la politique étrangère canadienne. Il n’en demeure pas moins que International Policy and Politics in Canada devrait tout de même être considéré comme l’une des lectures essentielles pour toute chercheuse ou tout chercheur qu’intéressent les relations internationales du Canada.