Comptes rendusÉconomie internationale

Economic Geographies of Globalisation. A Short Introduction, Martin Sokol, 2011, Northampton, MA, Edward Elgar, 198 p.[Record]

  • Claude Comtois

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  • Claude Comtois
    Université de Montréal

Ce livre est une compilation d’un ensemble de notes de cours en géographie économique donnés dans plusieurs universités anglo-saxonnes. Il prend son origine dans l’élaboration d’un guide par sujets pour le programme de formation continue de l’Université de Londres, publié en 2009. L’ouvrage a pour ambition d’apporter une contribution à l’analyse des processus économiques globaux par une synthèse générale de la littérature. L’auteur amorce son texte par une description de l’instabilité de l’économie monde telle qu’elle est exprimée par la récente crise économique et financière. Concrètement, Sokol aborde la question de la croissance des inégalités à différentes échelles géographiques : globale, continentale, nationale et locale. Avant d’aborder ce qui constitue l’un des thèmes essentiels de la géographie économique, Sokol s’efforce de la définir. Il y parvient fort mal, résultat assez compréhensible dans la mesure où l’auteur met en application les concepts traditionnels de la géographie : espace, lieu, échelle, avant d’aborder l’étude des approches proprement dites de la géographie économique. Bien qu’une telle approche comporte des mérites et puisse être utilisée avec efficacité, elle répond plutôt ici à une démarche pour l’essentiel inutile parce que mal intégrée à l’analyse. Ainsi, à moins de définir clairement chaque concept, on voit mal comment l’auteur peut prétendre expliquer l’importance et la fonction de la géographie économique dans la compréhension des processus économiques globaux. Hélas, ce problème se retrouve dans tout le manuscrit lorsque Sokol tente de présenter trois champs théoriques qui ont marqué la discipline : le néokeynésianisme, le marxisme et l’économie spatiale. En ce qui concerne l’approche néokeynésienne, l’étude porte sur la théorie de localisation, le phénomène de distance et les mesures d’accessibilité. Sokol souligne là, apparemment sans le savoir, ce qui constitue l’une des grandes caractéristiques des inégalités économiques. Sans vraiment en expliquer adéquatement les mécanismes, Sokol évoque la façon dont les processus d’accumulation de connexions entre infrastructures, production économique et environnement construit intensifient les conditions de maillage ou de réseaux de l’économie monde. En menant une réflexion plus poussée, l’auteur aurait compris que non seulement ces développements ont permis de réduire les temps et les coûts de transport, mais qu’ils ont également permis de soutenir la globalisation des marchés. S’agissant de l’approche marxiste, Sokol évoque la théorie du développement inégal en fonction de la création de la valeur, du circuit des capitaux et de la division spatiale du travail. Malgré de nombreux clichés, Sokol parvient à évoquer les modalités des crises économiques liées à l’évolution du mode de production capitaliste. Cependant, la partie consacrée au modèle centre/périphérie souffre d’une grande indigence sur le plan de l’analyse. L’auteur ne fait aucune référence aux concepts précités de géographie économique pour expliquer le fonctionnement de l’échange inégal. Une telle démarche aurait permis de comprendre que le marché de l’emploi peut être très précaire, car la circulation du capital permet une diversification dans les processus manufacturés et autorise une grande flexibilité dans la localisation de la production. L’exploitation du prolétariat est donc associée à l’introduction de nouveaux réseaux, à des changements dans les structures industrielles et à l’émergence, au déclin ou à l’abandon de nombreux secteurs d’emploi. La section de l’ouvrage consacrée aux nouvelles théories porte sur les impacts géographiques des changements sectoriels, des processus industriels et de l’évolution technologique où s’entremêlent cycle économique, grappe industrielle, économie du savoir, sociologie des organisations et études de genre. En ajoutant qu’il s’agit d’introduire de nouveaux concepts géographiques, Sokol a succombé à cette facilité qui consiste à énumérer les tendances théoriques à la mode dont l’unité et la cohérence au sein de la géographie économique ne sont pas assurées. Cette section, au caractère fourre-tout assez marqué, contredit …