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  • Salah Mejri

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  • Salah Mejri
    Université Paris 13, Paris, France

Ce numéro de META se veut le reflet d’un ensemble de préoccupations fondamentales qui touchent à la problématique de la traduction des séquences figées (SF). Avec les grands développements connus dans les sciences du langage, on mesure à juste titre la grande part du figement dans la structuration des langues et par conséquent une couverture avoisinant le cinquième des discours réalisés. Les travaux qui portent sur ce phénomène, qu’il s’agisse de figement (M. Gross 1982 ; G. Gross 1996 ; Mejri 1997 ; 2003a et b), de phraséologie (Gréciano 1983, 1992, 2003) ou de collocation (Grossmann et Tutin 2003) ou de semi-figement (Balibar-Mrabti et Vaguer (dir.) 2006) s’articulent autour des constats suivants : Si, en plus de ces caractéristiques, on sait que le figement est le lieu privilégié de l’idiomaticité (Mejri 2003), on saisit mieux la pertinence de la problématique énoncée et développée dans ce numéro. La complexité de l’opération de traduction peut être formulée comme suit : comment procéder pour transférer les contenus sémantiques véhiculés par les SF tout en respectant la configuration idiomatique dans le cadre de laquelle ils sont coulés ? Les réponses fournies par les auteurs de ce numéro tentent de couvrir les points suivants : S. Mejri défend l’idée selon laquelle la traduction ne peut pas se concevoir indépendamment des systèmes linguistiques concernés par l’opération traduisante. Pour appuyer une telle position, il fait appel à la structuration inférentielle du lexique, dont le choix n’implique pas uniquement ce qui est dit, mais également ce qui est inféré. La tâche du traducteur se complique davantage avec les séquences figées, avec tout ce qu’elles impliquent comme degré de figement, opacité sémantique et connotations de toutes sortes. La solution préconisée par S. Mejri consiste à effectuer un travail descriptif des équivalences entre les unités mono- et polylexicales des langues en vue d’en dégager des matériaux qui soient de nature à apporter des solutions probantes dans la traduction. Si le jeu des équivalences et des correspondances ne permet pas de trouver la traduction adéquate, il faut exploiter les possibilités offertes par la conceptualisation au moyen du discours. Le tout est conçu par l’auteur dans une perspective qui cherche à gérer de la meilleure manière qui soit le déficit de la traduction. Pour ce qui est du traitement lexicographique de la traduction, il a fait l’objet de quatre contributions, celle de J. C. Anscombre, J. P. Zougbo, M. Said et G. Petit et E. Liberopoulou. Les premières portent sur les proverbes. La dernière sur « les stratégies d’appropriation linguistiques et culturelles à l’oeuvre dans la lexicographie bilingue ». Dans le cadre de l’élaboration d’un dictionnaire bilingue français-espagnol des formes sentencieuses, J. C. Anscombre, après avoir dressé une typologie des phrases sentencieuses, a procédé à l’analyse des différentes équivalences, en opérant une distinction très nette entre l’équivalence catégorielle qui « signifie qu’à une forme sentencieuse d’une certaine catégorie, on doit s’efforcer de faire correspondre une forme sentencieuse de la même catégorie » (tautologie, adage, dicton, proverbe, etc.), l’équivalence lexicologique « qui a trait au problème du figement dans le monde parémique », l’équivalence stylistique qui concerne le niveau de langue et les variantes régionales, et l’équivalence rythmique qui touche à l’un des traits parémiques les plus saillants. Zougbo, quant à lui, pose la problématique de la constitution d’un corpus parallèle de proverbes en français, en allemand et en bété ; ce qui implique un ensemble de difficultés liées au passage de la tradition orale à la tradition écrite. L’enjeu est de « contribuer à une lecture correcte des proverbes en répercutant d’une manière idoine le contenu conceptuel de ces formules sans trahir …