Comptes rendus

Béatrice Damian-Gaillard, Sandy Montañola et Aurélie Olivesi (dir.), L’assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations, reconfigurations, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, 154 p.[Record]

  • Marie-Dominique Duval

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  • Marie-Dominique Duval
    Université de Sherbrooke

L’introduction de l’ouvrage L’assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations et réassignations, dirigé par Béatrice Damian-Gaillard (Université de Rennes 1), Sandy Montañola (Université de Rennes 1) et Aurélie Olivesi (Université Claude Bernard Lyon 1), suggère que l’étude de l’assignation du genre dans les discours médiatiques permet un accès privilégié aux représentations sociales et aux enjeux de pouvoir qui les accompagnent (p. 11). Conséquemment, c’est ce que les articles de ce recueil, qui ont d’abord fait l’objet de présentations lors du colloque « L’assignation de genre dans les médias », à Rennes, en 2012, tentent d’obtenir par une incursion au coeur de discours médiatiques variés. S’appuyant, entre autres, sur les travaux respectifs de Erving Goffman, Marlène Colomb-Gully et Teresa Di Laurentis sur le genre et ses représentations médiatiques, les articles explorent divers médias traditionnels, passant de la presse dite « de référence » aux feuilletons satiriques. Il est généralement reconnu que les médias contribuent à la visibilité, dans l’espace public, des définitions de genre et à une prescription des normes et des rôles de sexe. C’est dans cette optique que les auteures et les auteurs cherchent à dépeindre la manière dont les normes et les stéréotypes sont généralement attendus, les médiasphères tentant parfois un « défigement » des figures hégémoniques, ce qui contribue ainsi à certaines reconfigurations des possibles. Suivant l’idée que les médias participent à l’apprentissage des normes sociales (Yanovitzky et Stryker 2001 : 208-239) et permettent de créer ou de renforcer des définitions/prescriptions de la normalité (Henderson, Kritzinger et Green 2000), les auteures de la première partie, intitulée « Attentes », ont étudié les discours médiatiques majoritairement francophones qui ont tendance à façonner les attentes normatives liées au genre. L’article d’Élise Vinet et Stéphanie Gosset dénonce tout d’abord les représentations stéréotypées qui renforcent les normes prescriptives de rôles de sexe dans les magazines parentaux français. Elles concluent que les documents étudiés mettent en scène des femmes qui allaitent en les castrant dans leur rôle de mère. Parallèlement, cette perpétuation de stéréotypes de rôles genrés, combinée à une discrimination racisée ainsi qu’à une représentation du couple traditionnel, dans laquelle la femme est subordonnée à l’homme, est au centre de l’article de Laetitia Biscarrat. Celle-ci présente l’émission Maman cherche l’amour comme un phénomène télévisé qui est « prescripteur de normes de genre qu’il produit et reproduit activement » (p. 52). En effet, seules les mères assujetties à ces normes prescrites peuvent trouver l’amour, alors que celles qui s’en distancient, soit, entre autres, par leur couleur de peau ou leur féminisme affirmé, n’y parviendront pas. Les attentes liées aux rapports sociaux de genre, de race et de classe se trouvent également au coeur du texte de Marion Dalibert. Cette dernière analyse la médiatisation du collectif Ni putes ni soumises (NPNS) dans la presse quotidienne française dite « de référence ». Ses résultats suggèrent que les médias « ethnoracialiseraient » les groupes sociaux en contribuant non seulement à la représentation des normes de genre, mais également à la construction et à la séparation des identités « blanches » et « non blanches ». En effet, la coproduction du genre et de la race dans la médiatisation de NPNS a démontré ceci (p. 65) : La deuxième partie de l’ouvrage, nommée « Perturbations », se compose de trois chapitres. Juliette Charbonneaux aborde tout d’abord l’identité de genre en politique en offrant une comparaison de la représentation d’Angela Merkel selon Le Monde et le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Malgré la tendance des éditoriaux à révéler une différenciation des sexes en présentant des performances genrées, la féminité de Merkel ne serait pas l’angle principal …

Appendices