Comptes rendus

Paula Dumont, Entre femmes, 300 oeuvres lesbiennes résumées et commentées, Paris, L’Harmattan, 2015, 274 p.[Record]

  • Ann Robinson

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  • Ann Robinson
    Université Laval

L’ouvrage intitulé Entre femmes,300 oeuvres lesbiennes résumées et commentées constitue une recension « des romans, des oeuvres dramatiques, des recueils de poèmes, des bandes dessinées, des témoignages et des biographies qui mettent au premier rang l’amour d’une femme pour une autre » (quatrième de couverture). À la suite d’un avant-propos de quelques pages, le corps du livre est constitué d’une énumération de quelque 300 titres, suivie d’un court résumé et parfois d’une critique de l’auteure. Tous ces ouvrages publiés entre 1900 et 2014 ont été écrits par des femmes et portent sur les lesbiennes. Seules quelques biographies de lesbiennes ou de bisexuelles célèbres ont été rédigées par des hommes. Avant d’aller plus loin, je me permets de régler une question linguistique. Paula Dumont s’autoproclame « autrice » dès le début de son livre et nous donne de l’« autrice » à tout moment, en fait chaque fois qu’elle parle d’une écrivaine. Je comprends bien la frustration de Paula Dumont qui se voit affubler dans son pays du titre « une auteur », mais je comprends mal les motifs qui l’ont menée à privilégier cette féminisation désuète et légèrement pompeuse, alors qu’au Québec nous avons opté tout bonnement pour la forme « auteure ». Paula Dumont, docteure ès lettres, a constaté tout au long de sa carrière à quel point les lesbiennes font oeuvre d’imagination pour transposer leurs expériences de vie amoureuse, affective ou tout simplement familiale à partir de livres hétérosexuels écrits la plupart du temps par des hommes, même si la culture lesbienne existe depuis plusieurs décennies. Cependant, ces ouvrages ont été largement occultés d’abord par les écrivaines elles-mêmes, « certaines comme Marguerite Yourcenar, la plus célèbre, parce qu’elles visaient à l’universalité, se sont abstenues d’aborder un sujet qu’elles auraient pu traiter en orfèvre; ensuite par les éditeurs qui souhaitent vendre le plus grand nombre de livres et non se limiter à une clientèle particulière, réputée peu fortunée » (p. 5). J’ai moi-même expérimenté quelques tentatives d’occultation lorsque j’ai entamé des démarches pour la publication de mon premier roman en 2008, Et si j’en étais (Robinson 2009). Certaines personnes m’ont mise en garde contre les maisons d’édition réservées aux lesbiennes, d’autres sur le texte de la quatrième de couverture qui, à leur avis, devait être neutre et général pour attirer le plus de lecteurs possible, d’autres enfin se sont récriés contre la couleur rose de la jaquette, qui pourrait agir comme répulsif, empêchant un homme de prendre le livre dans ses mains, de se balader avec celui-ci et surtout de le lire. L’auteure a également constaté tout au long de sa carrière que même les lesbiennes les plus cultivées ne connaissent souvent pas les chefs-d’oeuvre de la littérature lesbienne, tels Olivia de Dorothy Bussy (1949) et Carol de Patricia Highsmith. Pour parer à toutes ces lacunes, l’auteure a décidé de réunir dans un seul volume « des livres qui ont pour sujet le lesbianisme » (p. 5). Elle avait d’abord pensé à une cinquantaine de livres, mais des amies lui en ont indiqués d’autres tous plus intéressants les uns que les autres. Puis de nouveaux titres se sont imposés au fur et à mesure de ses recherches. C’est ainsi qu’elle a réuni plus de 300 « oeuvres ayant pour sujet les relations amoureuses entre femmes » (p. 6). L’auteure les présente comme des « romans sentimentaux, policiers ou de science-fiction, de récits, de nouvelles, d’oeuvres dramatiques, de témoignages, de bandes dessinées, de recueils de poèmes qui ont tous été écrits par des femmes. Ces ouvrages ont pour autrices des lesbiennes revendiquées, des bisexuelles et peut-être des hétérosexuelles talentueuses …

Appendices