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3191.Plus d’information
La satire libre en s’affranchissant de la stricte référence horatio-juvénalienne et en se structurant autour d’un moi poétique, distant, critique voire indigné face à un monde en devenir joue, durant la première modernité, un rôle important dans l’émergence d’une écriture de l’actualité qui conduit au cours du XVIIe siècle à l’apparition de la presse périodique. Pour réfléchir aux rapports entre les supports de l’information dans la première modernité et les écritures satiriques ou militantes, l’expression de fake news d’abord ressentie comme incongrue peut être particulièrement utile, car elle a l’intérêt, alors que nous sommes a priori peu sensibles à leur proximité et à leurs liaisons, de rapprocher des pratiques contemporaines aussi différentes que « l’article de presse erroné », « la publication orientée », « l’appeau à clics » et « le pastiche humoristique ». Avec le rapprochement de ces phénomènes jugés hétéroclites, il devient envisageable de penser de manière coordonnée trois aspects lisibles dans les phénomènes d’échange et d’hybridation entre les occasionnels et les libelles durant la première modernité. Comme les fake news qui désignent souvent l’information adverse sous les coups de clavier énervés des faiseurs numériques de tout aussi fausses nouvelles, le libelle est toujours pris dans un réseau de libelles dont le moteur d’expansion est l’indignation face aux impostures ennemies. Il imite les écritures médiatiques en se nourrissant de la rumeur et donne lieu à des démystifications qui sont aussi souvent des critiques des codes nouveaux de l’actualité telle qu’elle se donne à lire dans les occasionnels ; par bien des aspects, cette critique participe, en les travaillant, à la fixation de ces codes. Cette satire de l’actualité orientée ou militante prend des formes qui peuvent s’abstraire des enjeux partisans ; il est parfois difficile, comme aujourd’hui avec certains sites Internet ou comptes de réseaux sociaux satiriques, de faire la part entre des écritures engagées inventives et des jeux d’esprit plus libres. Plus profondément, l’esthétique « satyrique », grotesque (pour l’ensemble de cette première modernité) ou encore burlesque (pour la fin de cette période) pourrait engager un exercice plus global de l’incrédulité contre les fondements religieux et politiques de la société d’Ancien Régime. Par sa dimension métaréflexive, par sa grande diversité liée aux nombreuses hybridations avec les écritures de l’actualité, par ses oscillations entre un rire partisan et les jeux libres de l’esprit en fonction du goût du public et des intérêts des acteurs économiques de l’édition, le libelle diffamatoire offre décidément une figure changeante bien proche des réalités labiles auxquelles renvoie l’idée de fake news ; et en retour, il invite à ne pas rejeter hâtivement aujourd’hui tel ou tel aspect de cette nébuleuse, sans doute plus homogène dans ses jeux d’attraction qu’il n’y paraît.
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3192.Plus d’information
Mots-clés : First Nations, children, immunisation, primary health care, Australia, World Health Organization, vaccine
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3193.Plus d’information
Les politiciens poussent les conseils scolaires à en faire davantage pour s’assurer que les étudiants finissent leurs études avec les compétences financières dont ils auront besoin pour naviguer sur un marché financier de plus en plus complexe. Bien qu’il faille commencer tôt pour atteindre cet objectif, il existe très peu de recherches canadiennes sur l’éducation financière au primaire. Cette étude exploratoire a utilisé un sondage anonyme en ligne pour obtenir une compréhension préliminaire des perceptions, attitudes et pratiques des enseignants à temps plein du primaire en Ontario quant à l’éducation financière. Les répondants sont très majoritairement favorables à l’enseignement de la littératie financière au primaire, et près de la moitié d’entre eux l’intègrent déjà dans leur pratique en classe. Ces enseignants ont principalement recours à des ressources en ligne gratuites. Les répondants mentionnent l’absence d’un programme d’études approprié et le manque de soutien de la part des écoles et des conseils scolaires comme des obstacles à l’enseignement de la littératie financière. Les répondants ont identifié le développement professionnel comme principal type de soutien qu’ils souhaiteraient voir les écoles et les conseils scolaires leur apporter afin de les aider à enseigner la littératie financière dans l’avenir.
Mots-clés : financial literacy, financial education, elementary teachers, littératie financière, éducation financière, enseignants du primaire
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3194.Plus d’information
Il est aujourd'hui reconnu que les stratégies d'enseignement privilégiées par les enseignants dépendent de leurs systèmes de croyances (Buehl et Beck, 2014 ; Driel et al., 1998 ; OCDE, 2014). Puisque de tels choix auront nécessairement des conséquences sur les apprentissages, la réussite et la motivation des élèves, il apparaît crucial de mieux connaître leur nature. Nous avons conséquemment élaboré et validé un questionnaire visant à mieux comprendre les croyances relatives à la nature de la science, à l'enseignement et à l'apprentissage des enseignants de science technologie (ST), avec l'objectif d'éventuellement établir les liens indirects qu'elles peuvent entretenir avec la motivation de leurs élèves. Basé sur d'autres questionnaires existants, cet outil a permis d'inférer les croyances entretenues à partir de 30 items distribués en trois axes selon le modèle Sujet-Objet-Agent-Milieu (Legendre, 2005). Une analyse typologique a notamment permis de regrouper les réponses des enseignants (N = 25) en deux classes : d'un côté les « subjectifs, réfractaires à la technologie et directifs » et de l'autre les « objectifs, technophiles et participatifs ». Nous discutons finalement des implications possibles de ces résultats pour la formation continue des enseignants de ST.
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3196.Plus d’information
Introduction. La consommation de boissons sucrées (BS) est associée à de nombreux problèmes de santé tels que l’obésité et les maladies cardiovasculaires. Objectif. Identifier les croyances des adolescents concernant l’abstinence de consommer des boissons sucrées (ACBS). Méthodes. Fondées sur l’Approche de l’action raisonnée, trente entrevues semi-structurées ont été réalisées avec des adolescents (12-17 ans). La sélection selon l’âge, le sexe et le milieu a permis d’assurer une large représentation d’adolescents de deux régions francophones du Québec (Est du Canada). Suivant la définition des BS, les adolescents ont répondu à huit questions ouvertes au sujet de l’ACBS au cours du mois à venir. Une analyse qualitative de contenu réalisée indépendamment par deux experts a permis d’identifier les croyances les plus importantes. Résultats. Le principal avantage de l’ACBS est le bénéfice pour la santé et le principal désavantage est de ne pas pouvoir boire des produits dont ils aiment le goût. Les parents et les amis semblent les personnes les plus influentes concernant l’ACBS. De nombreux obstacles à l’ACBS ont été identifiés, tels que le contexte (occasions spéciales, au restaurant, après les activités sportives), la présence de personnes qui boivent des BS, les publicités sur les BS et l’envie d’en boire. Les facteurs facilitants comprenaient l’absence de BS à la maison ou à l’école, un accès facile à l’eau et à des jus de fruits purs et l’information sur les conséquences des BS. Discussion/conclusion. Les résultats de cette étude préliminaire peuvent guider le développement d’interventions favorisant l’abstinence de la consommation de BS chez les adolescents.
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3197.Plus d’information
Cadre de la recherche : L'Espagne se classe au premier rang en Europe en matière de « don » d'ovules. Leur production et leur commercialisation constituent aujourd'hui l'un des marchés les plus lucratifs du système économique national.Objectifs : Comment les femmes cédant leurs ovules comprennent-elles ce « don » ? Dans une société où le « don » d'ovocytes est formalisé comme un acte bénévole et altruiste, comment les « donneuses » conçoivent-elles et considèrent-elles la rémunération qu'elles obtiennent pour cet acte ?Méthodologie : Cet article présente l'analyse d'entretiens approfondis menés avec 38 « donneuses » d'ovules, issues de différentes régions d'Espagne, participant actuellement ou ayant participé au processus de « don ». Entre 18 et 49 ans, elles occupent pour la plupart des emplois précaires, elles sont au chômage et/ou elles sont étudiantes non boursières. Résultats : Les « donneuses » d'ovules ne conçoivent pas leur contribution à l'industrie de la reproduction humaine comme un travail salarié.Conclusions : Même si ces femmes jouent un rôle prépondérant dans le processus de « don » d'ovules, leur contribution est bien souvent sous-estimée. Pourtant, leur implication est nécessaire à la concrétisation de projets familiaux de personnes souhaitant devenir parents. Elles contribuent également au bon fonctionnement de l'activité des cliniques d'assistance à la procréation et à l'approvisionnement des banques de gamètes.Contribution : Tout en présentant l'organisation sociale du « don » d'ovules en Espagne, cet article révèle la manière dont le travail reproductif effectué par les femmes produisant et cédant leurs ovocytes est invisibilisé et dévalorisé. De plus, il rend compte de la façon dont les « donneuses » d'ovules sont expropriées de leur matériel biologique, expropriation faiblement rémunérée et dont elles ne tirent qu'une faible part des bénéfices. Cette exploitation des femmes à travers le « mode biomédical de reproduction » et l'invisibilisation de leur travail est rendue possible grâce à l'anonymat des « dons », la coordination phénotypique, les modes de consentement, une compensation économique, et plus largement par une métaphore du « cadeau » et d'une idéologie de l'altruisme.
Mots-clés : procréation médicalement assistée, travail de reproduction humaine, travail reproductif, « donneuses d'ovules », altruisme, compensation financière, assisted reproductive technology, human reproductive work, “egg donors”, altruism, financial compensation
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3198.Plus d’information
Cadre de la recherche : Le nombre de personnes déplacées dans le monde s'élève aujourd'hui à 82,4 millions (UNHCR, 2021). L'UNHCR demeure critique des faibles quotas accordés aux personnes réfugiées au Canada et conseille depuis 2018 d'accorder la priorité d'accueil aux populations les plus vulnérables, notamment les femmes seules avec enfants qui sont au cœur de cette recherche. Si elle incarne une réalité variée dans les pays d'origine, la monoparentalité en contexte de migration forcée devient synonyme de précarité, d'instabilité et d'inégalités sociales et économiques, et à plus forte raison en contexte de pandémie mondiale. Objectifs : L'objectif est de s'interroger sur les stratégies que ces femmes mettent en place pour s'ancrer dans la société québécoise et pour faire face aux défis qui leur sont propres. Méthodologie : L'article prend appui sur des données recueillies par entrevues semi-dirigées auprès de trois femmes réfugiées en situation de monoparentalité à Montréal. Résultats : Ces mères doivent jongler entre émotions tumultueuses, défis quotidiens et responsabilités familiales. Leurs parcours illustrent les manières dont se superposent résilience et agentivité dans la gestion des dynamiques familiales ainsi que dans les expériences d'installation. Conclusions : Les transformations familiales et les défis de la migration forcée poussent les mères réfugiées à reconstruire non seulement leur chez-soi, mais aussi leur individualité de femme, et de mère, ce qui remet en cause les perspectives parfois réductrices sur la maternité et la résilience. Contribution : La présentation des données issues de cette recherche permet de nuancer les concepts de résilience et d'agentivité en cernant leur complexité et leur ambivalence, tout en révélant comment les mères se reconstruisent après une expérience de migration forcée.
Mots-clés : agentivité, chez-soi, femme réfugiée, migration, monoparentalité, résilience, Agency, home, refugee women, migration, single-mothers, resilience
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3199.Plus d’information
Cadre de la recherche : Le contexte sociojuridique du Québec permet d'accéder à différentes modalités de don d'ovules pour concevoir un enfant par procréation assistée. La présente recherche empirique qualitative s'intéresse au don d'ovules dirigé dans lequel la donneuse est connue du couple receveur (CR). Objectifs : Cet article vise à mieux comprendre la place de chacun dans cette nouvelle réalité familiale et étudie l'impact du recours au don d'ovules sur le sentiment d'identité maternelle et de filiation. Méthodologie : Des entretiens semi-dirigés accompagnés de la réalisation d'un génogramme libre (GL) ont été menés auprès de huit donneuses et huit CR. Une logique inductive et itérative a guidé la collecte et l'analyse des données par catégories conceptualisantes. Résultats : Le développement d'une histoire affective et relationnelle entre donneuses et CR émerge comme toile de fond des enjeux spécifiques à chacun. S'il y a bien une rencontre entre eux, les enjeux psychologiques qu'ils traversent et qui apparaissent au fil de la réalisation du GL révèle des univers psychiques distincts. Conclusions : C'est l'occasion pour la donneuse de construire un sens à son don en rapport avec son histoire personnelle et familiale, établissant les bases d'un narratif de don qui permet un travail d'historicisation et de re-subjectivation. Les parents quant à eux construisent l'histoire qui leur a permis de donner naissance à leur enfant, questionnant la place de la donneuse et le lien avec elle, ainsi que l'identité maternelle. Contribution : Un tel narratif de conception participe à la construction de l'identité parentale, en particulier celle de la receveuse, et se conjugue au narratif de don pour penser les origines de l'enfant. Cet article contribue à la réflexion sur le devenir parent en ayant recours à un don d'ovules dirigé. Il soulève l'importance d'offrir un accompagnement qui permet à chacun d'élaborer un narratif en continuité de sa propre histoire.
Mots-clés : don d'ovocytes, couples, receveuses, génogramme, narratifs, origines, identité maternelle, recherche qualitative, egg donation, couples, recipients, genogram, narratives, origins, maternal identity, qualitative research
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3200.Plus d’information
Cadre de la recherche : Dans un contexte caractérisé par de nouvelles aspirations à la parentalité, au sein de sociétés où les formes familiales se diversifient, la question des origines suscite actuellement d'intenses débats politiques, sociaux et scientifiques. Ces débats sont emblématiques d'un mouvement plus général, qui témoigne d'une attention croissante à la question des origines dans les modes actuels de constitution des familles, qu'il s'agisse de l'adoption ou de la procréation assistée par autrui. La notion d'origine apparaît alors comme une entrée particulièrement pertinente pour éclairer les enjeux sociaux et politiques que soulèvent aujourd'hui le devenir de l'adoption, les conditions du recours à la procréation assistée avec don, l'encadrement législatif de la gestation pour autrui ou les usages des savoirs biogénétiques, ainsi que pour analyser les reconfigurations contemporaines de la parenté et des liens familiaux.Objectifs : Cet article a pour objectif de cerner les principaux enjeux qui sous-tendent la question des origines en retraçant les conditions d'émergence des discours sur le sujet de même qu'en faisant dialoguer les différents apports disciplinaires permettant d'en délimiter les contours.Méthodologie : Cet article s'appuie sur les différentes contributions des auteurs et autrices du numéro, de même que sur les travaux théoriques et empiriques qui retracent comment la question des origines est mobilisée par les personnes concernées par l'adoption de même que par la procréation assistée par autrui. Pour en rendre compte, la perspective comparative est valorisée.Résultats : L'attention aux origines révèle une évolution profonde liée à la dissociation croissante de la procréation et de la parenté, d'où semblent émerger des relations et des figures « nouvelles ». L'essor des technologies de la reproduction rend aujourd'hui plus nombreuses les circonstances, déjà présentes dans l'adoption, où des personnes procréent, mais ne deviennent pas – au sens légal - des parents, demeurant « aux marges » de la parenté.Conclusion : La notion d'origines offre un lieu d'examen particulièrement fécond des représentations et interprétations actuelles concernant les figures de l'origine (« parents » de naissance dans l'adoption, donneurs et donneuses de gamètes, femmes ayant porté un enfant pour autrui), les récits qui les constituent, la place qu'elles occupent (ou non) dans l'histoire des individus adoptés ou nés de la procréation par autrui. Contribution : Cet article apporte une réflexion théorique et heuristique sur la notion des origines tout en témoignant de sa pertinence pour réfléchir aux réalités relationnelles plurielles induites par les configurations familiales actuelles. L'ensemble des articles de ce numéro participe à cette réflexion en interrogeant la question des origines de manière complémentaire.
Mots-clés : origines, filiation, parenté, adoption, technologies de la reproduction, origins, filiation, parenting, adoption, reproductive technologies