Documents repérés
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271.Plus d’information
Le discours de la « crise de la masculinité » est aujourd'hui un lieu commun. Or cette prétendue crise de la masculinité survient alors que les hommes ont encore, en général, plus de pouvoir et de privilèges que les femmes. Il importe donc d'étudier, dans une perspective critique, la rhétorique de la « crise de la masculinité » pour évaluer le sens politique de ce discours. Ainsi, un retour dans l'histoire permet de constater qu'en Occident les hommes se prétendent en crise depuis au moins les cinq derniers siècles. Après avoir discuté plus précisément de trois périodes (le XVIIe siècle en Angleterre, la Révolution de 1789 en France et la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle en Occident), l'auteur accorde une attention particulière au discours contemporain. Son analyse permet de confirmer que ce discours est porteur d'une critique du féminisme et d'un refus de l'égalité entre les sexes. Ce discours sert aussi à justifier la (ré)affirmation d'une masculinité conventionnelle.
Mots-clés : antiféminisme, masculinité, virilité, histoire de la virilité
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275.Plus d’information
Le recueil de chroniques apparaît comme un terrain d'expérimentation privilégié pour les écrivains fin-de-siècle. L'étude de sa genèse montre le fonctionnement des transferts médiatiques et l'hybridité générique qui en découle : les textes circulent d'un média à l'autre entre le journal, la revue et le livre et empruntent des traits à ces divers modèles éditoriaux. La chronique oscille entre journalisme et littérature, elle s'incarne en de multiples microformes dans lesquelles s'exerce tout l'art de l'écrivain. L'effet-recueil tend à figer ces formes et à leur faire perdre de leur richesse, mais le jeu qu'il instaure entre unité et fragmentation en fait une oeuvre hybride, résolument moderne.
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276.Plus d’information
Notre article s'intéresse à la façon dont l'Exposition Universelle de 1900 s'est servi du corps féminin pour dessiner la relation entre la France, Paris et les provinces. Le contraste marqué entre les représentations de La Parisienne et celles de ses soeurs de province laisse apparaître une série d'enjeux conflictuels liés à la consommation et la production, la modernité et la tradition, l'évolution et l'immobilisme. Nous nous intéressons en particulier ici à l'entrée principale construite pour l'exposition, la Porte Monumentale, afin d'explorer la manière dont l'exposition a construit la nation dans un rapport discursif de centre à périphérie. En dépit d'une rhétorique situant l'exposition dans une perspective de décentralisation, l'exposition de 1900 s'est effectivement servie d'allégories géographiques sexuées pour donner aux relations entre la nation, sa capitale et ses régions une apparence harmonieuse, alors que celles-ci se trouvaient dans un rapport fortement hiérarchisé et politisé. Prenant pour exemple le cas de la Provence, je conclus en examinant comment les groupes régionaux ont tiré profit de leurs moyens limités pour s'insérer dans le récit national.
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277.Plus d’information
Cet article analyse le premier roman de Dany Laferrière, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer. Il démontre que lu du point de vue de son architecture narrative, son organisation de l’espace, de la place qu’il accorde à la production, à la circulation et à la réception de l’œuvre artistique, ce roman est une représentation claire de l’objet-livre. Il entend ainsi contribuer à compléter les analyses qui se sont limitées aux facettes subsidiaires de cet élément clé qui donne matière et forme au roman.
Mots-clés : représentation, objet-livre, architecture narrative, lieux, réception, Laferrière, representation, book-object, narrative architecture, places, reception, Laferrière
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278.Plus d’information
Oeuvre essentielle peu étudiée par la critique, Parasite (Kiseiju), écrit et dessiné par Hitoshi Iwaaki et publié en magazine entre 1988 et 1994, condense de façon particulièrement frappante les enjeux du corps mangaesque tiraillé entre l'horreur corporelle et les heurs et malheurs du devenir-posthumain.
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279.Plus d’information
Dans un épisode saisissant du Livre de Daniel mieux connu sous le titre Le Festin de Balthazar, une main se met à écrire des mots cryptiques sur le mur d'un palais babylonien. Cet article compare deux reprises de cette scène biblique : Le Festin de Balthazar de Rembrandt et L'Emploi du temps de Michel Butor.Dans un premier temps, nous proposerons une analyse du tableau de Rembrandt que nous compléterons par celle de Michel Butor, qui pose de façon judicieuse le paradoxe entre le regard et l'aveuglement dans l'œuvre du peintre. Puis, dans un second temps, nous verrons comment l'épisode du Festin de Balthazar se déploie dans L'Emploi du temps, car si la présence de certains épisodes de l'intertexte biblique – Caïn et Abel, le mythe de Babel, l'Apocalypse – a déjà été amplement explorée dans ce roman, l'attention des chercheurs s'est peu portée sur le Festin de Balthazar, épisode pourtant central, selon nous. En faisant donc une analyse détaillée de ces deux reprises du Festin de Balthazar, nous verrons que les frontières entre texte et image se brouillent lorsque les lettres divines dans ces oeuvres ne forment plus nécessairement des mots. In a gripping biblical episode in the Book of Daniel known as Belshazzar's Feast, a hand begins to write a cryptic message on the wall of a Babylonian palace. This article compares two reworkings of this biblical scene: Rembrandt's Belshazzar's Feast and Michel Butor's L'Emploi du temps.