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83.Plus d’information
L'espace parisien à la fin du dix-neuvième siècle est fortement doté de caractéristiques sociales selon les quartiers. Ceci influe sur la localisation des agents des différents champs et sur leurs lois de fonctionnement. L'exemple choisi, le champ littéraire parisien à la fin du dix-neuvième siècle, montre que les écrivains, selon qu'ils sont proches du pôle dominant, dominé ou du secteur intermédiaire, choisissent un lieu d'habitation qui, dans l'espace social parisien, occupe une place approximativement correspondante. Le pôle dominant se situe dans les quartiers de l'ouest, le secteur intermédiaire dans le neuvième arrondissement, près des boulevards, et l'avant-garde dans les quartiers périphériques ou au quartier latin. Cette correspondance, qui contribue à orienter les stratégies Littéraires et à la prise de conscience par les littérateurs de leur situation dans le champ et vis à vis des différentes fractions de la classe dominante, s'explique par la localisation des institutions qui sélectionnent les écrivains selon ces positions. Les écrivains du pôle dominant se recrutent grâce aux salons, instance de légitimation de la fraction dominante de la classe dominante qui les mène aux postes académiques et stratégiques du champ (grandes revues). Le secteur intermédiaire se rassemble autour des grands journaux et des théâtres de boulevard, sources de profits matériels. Enfin l'avant-garde se replie sur le pôle intellectuel où les producteurs sont en même temps consommateurs des petites revues. Les trajectoires spatiales des représentants des écoles littéraires principales (psychologues, naturalistes, symbolistes) montrent comment s'effectue, par l'intermédiaire de ces réseaux, la correspondance entre stratégies littéraires et trajectoires sociales.
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84.Plus d’information
Apparu en France au milieu du XIXe siècle, le mot « extraterrestre » a connu une évolution sémantique et lexicale qui témoigne du changement de la conception du ciel dans la mentalité occidentale. Quatre usages peuvent être distingués chronologiquement. Tout d'abord un sens poético-religieux attesté chez Baudelaire, Mallarmé, Huysmans. Puis un sens matérialiste mais encore fortement connoté de spiritualisme chez des écrivains et savants comme Flammarion ou Charles Cros, en rapport avec leur croyance à des humanités supérieures sur d'autres planètes. L'usage scientifique et matérialiste du mot s'impose à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, où il signifie simplement « extérieur à la terre ». Vers le milieu du XXe siècle, le mot devient aussi substantif et désigne alors les habitants des autres planètes. Tout en conservant un sens matérialiste, il se charge à nouveau d'une signification religieuse présente dans les mythologies modernes autour des OVNI et des « contactés » par les Extraterrestres.
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87.Plus d’information
Cet article propose une réflexion à propos de la figure roma-nesque du chien en contexte postcolonial, et plus spécialement dans l'espace francophone africain. Partant de la polysémie du terme et de son association avec une pensée cynique elle-même plurielle et évolutive, l'étude met en avant la récurrence d'une figure canine « au sens propre », point d'ancrage d'un « canisme » littéraire aux prises avec la récurrence contemporaine de la posture cynique. L'étude des romans de Patrice Nganang et de Fiston Mwanza Mujila permet à ce titre d'envisager le chien comme vecteur d'une interrogation à propos de l'identité conçue dans la confrontation au « maître » et dans la mise en doute de la frontière interspécifique.
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88.Plus d’information
Cet article compare les réflexions de Maupassant et Mallarmé sur la situation de la littérature face au journal à la fin du 19e siècle. Le choix de faire dialoguer ces deux écrivains, contemporains mais rarement associés, se fonde à la fois sur la connaissance mutuelle qu'ils avaient de leurs œuvres et sur les attitudes divergentes qu'ils ont adoptées – en discours et en acte – face au développement des médias écrits. Reconnus dans le champ littéraire de l'époque, appartenant à des pôles esthétiques opposés, ils interrogent, chacun à leur manière, l'évolution des conditions du champ de production (concurrence des écrits journalistiques, surproduction quantitative de l'écrit littéraire et dévalorisation symbolique, pouvoirs des instances légitimes) et de réception (alphabétisation, démocratisation de la lecture et massification des publics). Face à l'évolution du contexte, ils réfléchissent différemment dans leurs écrits, littéraires, critiques et journalistiques, à des configurations matérielles spécifiques, à des figures de lecture et à des fonctions repensées pour le livre. A travers un échange discret mais attentif, ils projettent l'image d'une littérature qui doit désormais composer avec l'ombre du journal.
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