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74.Plus d’information
L'objet de cet article est de montrer que la portée critique du Misanthrope de Molière réside dans la reprise d'un thème cher à la littérature galante, le secret, pour lui opposer une autre signification, celle-là plus politique. Nous aborderons d'abord la thématique du secret dans la littérature amoureuse et nous établirons un rapport avec le mythe de Psyché, repris par Molière sous différentes formes, dans plusieurs pièces. Nous ferons ensuite une lecture de l'intrigue amoureuse du Misanthrope et nous analyserons la singularité du langage d'Alceste. Nous verrons ainsi que, à la différence des autres comédies, le Misanthrope propose une nouvelle interprétation du motif précieux en se référant à une autre tradition: celle des traités de courtisans. En face des beaux esprits qui fréquentent le salon de Célimène, Alceste brandit une interprétation plus politique du secret et c'est ainsi qu'il nous semble beaucoup plus moderne que les autres personnages.
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75.Plus d’information
Pour Sade, le théâtre est surtout une activité sociale, un moyen de se situer vis-à-vis du monde. Au contraire des écrivains tels que Diderot et Beaumarchais, Sade n'est pas un innovateur dramatique, mais s'il ne met pas en question les genres traditionnels et même récents, c'est afin de les manipuler, de jouer avec. Une analyse de deux pièces — Le misanthrope par amour et Le capricieux — permet de mieux comprendre le rapport de Sade avec la tradition théâtrale, et de voir comment cet auteur profite des règles et attentes dramatiques.
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77.Plus d’information
Si tous les commencements humains sont rétrospectifs et émergent comme des projections largement fantasmatiques, encore que logiques, à partir d'un présent arbitrairement immobilisé, nulle part mieux que dans un incipit de roman ce paradoxe temporel ne peut s'observer comme le véritable vortex de production sémiotique qu'il constitue. C'est ainsi qu'après avoir brièvement revisité le célèbre incipit du Voyage au bout de la nuit de Céline tel qu'en lui-même enfin celui du Voyeur de Robbe-Grillet le change, le présent article s'attache à montrer comment le personnage peut naître littéralement du paysage incipital en prenant pour exemple Le Neveu de Rameau de Diderot.
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79.Plus d’information
Durant la guerre franco-prussienne de 1870, un usage politique et idéologique fut fait de certaines théories physiologistes, notamment, on s'en doute, celles qui définissaient l'ennemi. Les différents discours contre ces derniers qui feront rage jusqu'à la Première Guerre mondiale s'échafaudent à partir d'élaborations scientifiques douteuses, qui relèvent également d'un imaginaire historique et d'une rhétorique qui s'appuie sur une forme de sacralisation de la guerre. Notre propos voudrait montrer que dans les nouvelles Boule de suif et Saint-Antoine, Maupassant révèle l'instrumentalisation qui est faite de ces discours modélisants. Souvent avec ironie, l'écrivain démontre que l'imaginaire social se fonde moins sur un savoir objectif et empirique que sur la conviction subjective d'une différence anthropologique et morale entre les individus, qui puise son énergie dans l'angoisse, la peur et une volonté de puissance d'un individu sur un autre. Dans les textes qui nous occupent, la « mise en ennemi » s'ajuste bel et bien, au-delà du fait historique, sur une intrication de données naturelles (biologiques, physiologiques) et culturelles (moeurs, habitudes) qui caractérisent l'ennemi comme l'« Autre à tuer ». L'ironie se cache dans l'utilisation que fait Maupassant du modèle anthropologique : en mettant en scène des identités hybrides où se mêlent qualités et défauts des dominés et des dominants, le romancier va en effet quitter l'échiquier ethnique et dépasser la question des identités nationales pour s'attaquer non pas aux Allemands ou aux Français en particulier, mais à la nature humaine en général et à sa propension à la barbarie.
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80.Plus d’information
L’article se propose de montrer comment les corpus asiatiques peuvent non seulement enrichir l’inventaire topique, mais contribuer à renouveler la réflexion théorique, à partir de l’exemple du topos « Une femme utilise un langage codé pour donner rendez-vous à son amant », présent dans le premier des Contes du vampire (Vetālapañcaviṃśatikā) insérés dans le grand recueil sanskrit composé au xie siècle par Somadeva, le Kathāsaritsāgara (Océan des rivières de contes). Le motif se retrouve aussi bien chez Boccace et Lope de Vega que dans le monde chinois, dans Kunlun nu (« L’Esclave des Kunlun »), une célèbre « relation de cas extraordinaire » (chuanqi) attribuée à Pei Xing. L’éloignement des littératures concernées autant que la grande échelle de leur diffusion viennent troubler le fonctionnement classique de la reconnaissance topique, en posant toute une série de questions que l’on formulera sans prétendre y répondre de façon définitive : est-il possible d’ignorer les ancrages géographiques, culturels et linguistiques des topoï ; dans quelle mesure peut-on parler, par-delà le phénomène d’interculturalité, de topoi transculturels ?
Mots-clés : topos, Asie, interculturalité, transculturalité, théories de la lecture, reconnaissance, topos, Asia, interculturality, transculturality, reading theories, recognition