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Le collectif recensé est le fruit d’un colloque organisé à Caen en 2014. Trois concepts centraux sont mobilisés : l’acteur, le contexte et la situation. Le premier est entendu comme une réalité sociale (humaine, étatique, etc.) dotée d’une intention et qui possède une capacité à transformer le réel. Le deuxième désigne l’ensemble des contraintes systémiques, relatives à chaque milieu, qui soutiennent ou entravent les pratiques enseignantes. Le troisième est la situation didactique dans laquelle se déroule l’action et permet l’étude, en profondeur, de cas précis.

La première partie regroupe quatre textes et prend comme acteurs des élèves confrontés à des situations d’enseignement atypiques. La deuxième partie compte sept textes et s’intéresse à l’acteur-enseignant. Une série d’études de cas mettent en lumière les contraintes que subissent les enseignants et qui conditionnent leurs pratiques. La troisième partie contient quatre études de cas qui montrent comment le matériel et les situations didactiques proposés aux enseignants freinent le développement d’une agentivité géographique.

La variété de textes et de points de vue proposés par le collectif met en relief des enjeux communs aux didactiques des sciences sociales; notamment, les nombreuses difficultés à opérationnaliser un transfert entre les situations didactiques scolaires et le monde réel afin de faire des élèves des acteurs citoyens. Toutefois, ces différentes approches font émerger deux difficultés pour le lecteur. D’abord, la présence de nombreux cadres conceptuels distincts, en particulier sur la notion d’acteurs, alourdit le texte par endroit et obscurcit le propos des auteurs. Ensuite, comme les textes décrivent des réalités parfois très différentes (des sentiments évoqués lors des sorties scolaires [voir Briand] au contexte de l’enseignement de l’histoire au Québec [voir Fink]) le fil conducteur peut parfois être ténu. Cela dit, les synthèses proposées à la fin de chaque partie remédient partiellement à la situation.

Sans délaisser complètement l’étude du matériel didactique (objets traditionnellement privilégiés par les didacticiens [voir Doussot et Thémines]), les auteurs s’intéressent à restituer l’agentivité des enseignants à titre de professionnels. Cette reconnaissance est intimement liée à une meilleure compréhension des contextes d’enseignements et à une explicitation des choix posés par ceux-ci en regard de leurs pratiques.

Enfin, le collectif illustre bien l’importance de prendre en compte l’impact des discours profanes (télévision, jeux vidéos, romans, etc.) dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Pour cette dernière, l’influence des discours extrascolaires sur les représentations sociales des élèves entraîne une forme d’inadéquation du matériel didactique (voir Pache, Hertig, Brulé), puisque ce dernier ne prend pas en compte le vécu des apprenants. En histoire, la dialectique discours savant-profane-scolaire doit être prise en considération afin d’élaborer des questions socialement vives en mesure de confronter les élèves (voir Cariou).

Quoique les contributions ne soient pas toutes de qualité égale, le collectif de Thémines et Doussot demeure utile, car il contribue à mieux saisir la place et le rôle des différents intervenants dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie.