Thème 8 - La géographie des dynamiques urbaines

Nouvelle lecture de la ville latino-américaineDynamiques urbaines et changements morphologiques à Bogotá[Notice]

  • Jhon Williams Montoya

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Ce texte fait état de notre recherche doctorale sur l’expansion de la ville de Bogotá. Dans un premier temps, il sera question du rôle de la géographie et de sa pertinence dans l’étude de l’urbanisation en Amérique latine. Dans un deuxième temps, le propos portera plus spécifiquement sur notre recherche et les résultats obtenus jusqu’à présent. Enfin, en guise de conclusion, la réflexion se tournera vers les défis qui restent encore à relever. Milton Santos a sévèrement critiqué la géographie telle qu’on la pratique dans le tiers-monde (Santos, 1991). Santos déplore son incapacité à proposer des solutions aux problèmes les plus aigus, ses emprunts théoriques souvent injustifiés auprès des autres disciplines de la connaissance, ainsi que la minceur des résultats obtenus. Toujours selon Santos (1991), les élites du tiers-monde se seraient servies de la géographie pour accroître leur contrôle de la population au moyen de l’aménagement du territoire. Enfin, dans leurs travaux, les géographes n’auraient pas suffisamment tenu compte de la position périphérique des pays latino-américains par rapport aux pays développés du centre, position qui nous aurait pourtant maintenus durant des siècles dans la dépendance vis-à-vis des intérêts des pays développés. Parce qu’ils adoptent les approches scientifiques à la mode, les géographes ignorent notre réalité proprement latino-américaine ce qui les a amené, par exemple, à délaisser l’utilisation de la théorie de la dépendance qui, dans les années 1970-1980, s’est pourtant avérée centrale pour comprendre la géographie du tiers-monde. De nos jours, les géographes préfèrent se réfugier dans l’empirisme pour éviter toute réflexion théorique au prétexte d’une pratique appliquée que justifieraient les discours néolibéraux et postmodernes . En Amérique latine, cette tendance s’est étendue aux études urbaines où l’on cherche plus à découvrir ce qui différencie les grandes villes latino-américaines de celles des pays développés. Pourtant, le processus d’urbanisation dans le tiers-monde s’insère dans le contexte plus large du développement du mode de production capitaliste, de sorte qu’à l’instar des grandes villes des pays du centre, la grande ville latino-américaine adopte les traits de la modernité tout en enfonçant ses racines dans une société de type traditionnel (Robert, 1995). En conséquence, contrairement à l’économie des grandes villes postindustrielles des pays développés, celle de nos villes n’est pas essentiellement de type tertiaire, puisque l’Amérique latine demeure avant tout une région productrice de matières premières . Tout comme ailleurs dans le tiers-monde, l’urbanisation en Amérique latine a été marquée par un passé colonial qui explique en bonne partie la forme du réseau des villes ainsi que la morphologie des villes (Massiah et Tribillon, 1988). De plus, la position périphérique des pays d’Amérique latine soumet leur développement aux exigences des pays développés en leur attribuant des rôles qu’ils n’ont pas choisis (Kay et Gwynne, 2000). Une division régionale du travail en découle qui s’explique par la dépendance (Santos, 2000). Par exemple, en Amérique latine on constate qu’il y a : Bref, comme le soulignent Clarke et Howard (2001), « l’ancien colonialisme est devenu du néo-colonialisme s’appuyant sur la dépendance économique ». Dans notre recherche, nous effectuons une analyse géopolitique de l’expansion de Bogotá en nous penchant sur les principales transformations que cette ville a subies au cours des deux dernières décennies. Premièrement, nous étudions les discours dominants sur la ville latino-américaine en insistant sur l’importance de recourir aux thèses néo-marxistes pour bien saisir sa dynamique de transformation propre. Deuxièmement, nous soutenons que la morphologie de Bogotá est en bonne partie héritée du passé en étudiant ses transformations en fonction de deux échelles géographiques discinctes. Troisièmement, nous montrons que l’expansion récente de cette ville (1980-2003) résulte d’interventions d’acteurs qui ont marqué à la fois l’aspect …

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