Résumés
Résumé
À partir des années 1990, on constate, en Afrique francophone, une hausse de la production de films que l’on peut qualifier de road movies. Mais comment s’effectue le transfert de ce genre d’origine américaine, dont les caractéristiques les plus marquantes sont l’expérience de l’espace dans le sens spatial et symbolique et la quête d’identité, dans le contexte africain ? En fait, on note que des tendances thématiques et esthétiques se manifestent à l’intérieur du champ cinématographique maghrébin et ouest-africain francophone, notamment la migration Sud-Nord, synonyme de quête d’un avenir meilleur, et le voyage Nord-Sud, synonyme de quête de racines perdues. Outre ces voyages de migration, des périples effectués au sein d’un seul pays mettent l’accent sur la diversité ethnique et culturelle africaine, ce qui est l’occasion de rencontres interculturelles. Dans ce champ cinématographique s’insèrent aussi les films d’orientation historique, légendaire ou mystique où la quête de l’identité ou même du sens de la vie est centrale. Le road movie se prête en effet particulièrement à l’illustration de l’état des sociétés en mutation ou en voie de développement de l’Afrique francophone, ce qui se manifeste par l’abondance des lieux de transit et des mouvements en suspens dans son cinéma. Mais ce genre fait également écho aux récits traditionnels de cette dernière, de telle sorte que les road movies africains s’inscrivent plutôt dans une tradition propre aux récits de voyage et d’initiation — grâce aux types de narration que suppose le road movie —, où les destins individuels sont au premier plan. L’appropriation du genre road movie par les cinéastes d’Afrique francophone représente donc aussi la possibilité de s’inscrire dans l’histoire cinématographique pour attirer l’attention sur des productions issues des cinémas dits « mineurs », le genre leur conférant une certaine visibilité auprès des critiques et des publics.
Abstract
Since the 1990s there has been an increase in the number of films that could be described as road movies produced in French-speaking Africa. But how is this genre of American origin, whose most striking features are its experience of space in both a spatial and a symbolic sense and its search for identity, transferred into the context of Africa? Certain thematic and aesthetic tendencies are apparent in these films made in French-speaking West and North Africa, in particular migration from the south to the north in search of a better life and journeys in the opposite direction in search of one’s lost roots. Apart from migratory journeys, those carried out within a single country highlight Africa’s ethnic and cultural diversity, providing opportunities for intercultural encounters. We also see historical, mythical and mystical films in which a search for identity or even the meaning of life is central. In fact the road movie lends itself particularly well to descriptions of rapidly-changing or developing societies in French-speaking Africa, as seen in the abundance of transient spaces and suspended movements in its films. But the genre also reflects the region’s traditional narratives in such a way that African road movies, because of the kind of narratives that the genre implies, belong more to a tradition of travel and initiation stories in which individual destinies are at the forefront. Because the genre gives the films a degree of visibility among critics and audiences, the appropriation of the road movie by French-speaking African filmmakers therefore also represents the possibility of becoming a part of film history and calling attention to films made in so-called “minor” film-producing countries.
Parties annexes
Références bibliographiques
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