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Oli Sorenson, Extraction pétrolière, 2021.

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Oli Sorenson, Glacier, 2022.

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Oli Sorenson, Mine à déplacement de sommet, 2021.

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Oli Sorenson, Réseau brisé, 2020.

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Oli Sorenson, Cité, 2022.

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Oli Sorenson, Enfouissement nucléaire, 2021.

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Oli Sorenson, Contamination aquifère, 2021.

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Oli Sorenson, Porcherie intensive, 2021.

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Oli Sorenson, Solaire, 2022.

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Oli Sorenson, Cargo Frontal, 2022.

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Oli Sorenson définit sa pratique comme un « art du remix » utilisant la citation, l’interprétation et le détournement comme vecteurs expressifs. Grandement influencé par la création musicale, il réactualise l’esthétique d’artistes de réputation internationale en la combinant avec plusieurs motifs visuels de la culture populaire, pour ainsi produire de nouvelles images, de nouveaux thèmes et matériaux. En privilégiant ces actes de mélange et de partage, l’artiste accueille un éventail plus large de gestes créateurs que celui engendré par une production solitaire en atelier, pour déstabiliser notamment l’idée que l’art se crée en vase clos.

La plus récente série de Sorenson, d’abord intitulée Anthropocène, puis renommée Capitalocène, fusionne la mise en page carrée d’Instagram, les paysages pixélisés de Minecraft et les peintures géométriques de Peter Halley. Tandis que les tableaux de Halley font référence à la prison panoptique, telle que discutée par le philosophe Michel Foucault, les oeuvres hybrides de Sorenson évoquent plutôt les infrastructures modulaires des sociétés post-industrielles, des réseaux informatiques aux marchés boursiers, des systèmes de télécommunications aux routes de fret maritime, des sites miniers aux fermes intensives : tous des secteurs de l’économie humaine causant de nos jours d’urgentes répercussions écologiques.

Alors que le terme Anthropocène propose une époque géologique définie par l’activité humaine globale, Capitalocène conteste l’homogénéisation de tous les peuples au sein d’une seule catégorie, et oppose la distribution égale des responsabilités écologiques à cette répartition inégale de l’économie, essentielle au système capitaliste. Ainsi l’artiste questionne un sous-ensemble beaucoup plus restreint de l’humanité – le soi-disant 1 % – dont les modes de vie opulents constituent la plus grande cause des changements anthropogéniques. En revanche, par leurs localisations géographiques, ces individus fortunés se trouvent largement abrités des conséquences immédiates du réchauffement planétaire.

Le corpus d’oeuvres ici produit par Sorenson fut initialement exécuté en dessins vectoriels sur ordinateur, puis transféré en une panoplie de déclinaisons sur papiers, toiles, et autres supports ainsi qu’en animations vidéo et nft écoresponsables. Ces compositions rudimentaires, aux formes presque brutalistes mais colorées de façon extrêmement vive, produisent une sorte d’immédiateté perceptuelle chez le spectateur, sans toutefois imposer de narration didactique. Avec l’ajout du point d’interrogation lors de sa dernière itération à la galerie Art Mûr à Montréal, Capitalocène ? appelle plutôt à l’engagement social des témoins du changement climatique, les invitant à réfléchir sur leur propre situation devant ces enjeux, et à délibérer sur les solutions possibles.