Notes de lecture

WU, Zheng. 2000. Cohabitation. An Alternative Form of Family Living. Oxford University Press, 200 p. [Notice]

  • Heather Juby

…plus d’informations

  • Heather Juby
    Département de démographie
    Université de Montréal

À l’aide des données de recensement, de l’Enquête canadienne sur la fécondité de 1984 et des Enquêtes sociales générales sur la famille de 1990 et de 1995, l’auteur de cette étude socio-démographique analyse l’évolution de l’union libre hétérosexuelle au Canada depuis le début des années 1970. L’ouvrage couvre de nombreux aspects, notamment les transitions qui mènent à la cohabitation et à la décohabitation, la grossesse en contexte de cohabitation et ses conséquences pour le calendrier du mariage, le divorce, la division du travail au sein des couples en union libre et l’évolution des attitudes à l’égard du mariage et des comportements sexuels extramaritaux. Les conclusions empiriques sont analysées sous trois angles (économique, sociologique et démographique), en fonction du cadre théorique présenté au début de l’ouvrage. Le dernier chapitre est consacré à l’avenir de l’union de fait et à un examen de ses incidences sur les politiques sociales, à la lumière de l’expérience suédoise. Comme le laisse entendre le titre de son livre, Zheng Wu veut montrer que la cohabitation a cessé d’être « un simple prélude à l’union légale, et concurrence de plus en plus le mariage comme modèle familial ». Cette affirmation paraît aller de soi pour ce qui est du Québec, où plus de la moitié des enfants naissent aujourd’hui hors du cadre d’une union légale. La situation est bien différente dans le reste du Canada, où, malgré l’augmentation de la proportion des naissances hors-mariage, la très grande majorité des enfants viennent encore au monde au sein du mariage; elle l’est encore plus aux États-Unis, où les taux de natalité extramaritale, qui avaient enregistré une croissance durant les années 1980, se sont stabilisés au cours des années 1990. En outre, si, au Canada, on a eu tendance à traiter l’union de fait comme l’équivalent du mariage (dans les données statistiques et de bien des manières), aux États-Unis on la considérait encore récemment comme un état transitoire, assimilable aux fréquentations et débouchant, comme elles, sur la rupture ou sur le mariage. D’où l’utilité de faire le point sur le statut de la cohabitation en tant que modèle familial. Les trois premiers chapitres, qui forment l’introduction, servent à présenter l’étude, son cadre théorique et les données de recensement et d’enquête sur lesquelles reposent les analyses empiriques. Dans le chapitre 4, à l’aide des données censitaires, Wu retrace l’évolution de la cohabitation entre 1981 et 1996, au point de vue de l’âge et du sexe des partenaires, des différences interrégionales et de la situation de l’union légale; il conclut par une brève comparaison entre le Canada et les autres pays industrialisés, où il note que la position du Canada « à la tête des pays de langue anglaise pour la prévalence de la cohabitation » s’explique entièrement par les tendances observées chez les Québécois francophones. La suite du livre repose sur les données d’enquête. Le chapitre 5 porte sur l’évolution des attitudes à l’égard des relations sexuelles prémaritales, de l’union libre et de l’importance du mariage pour le bonheur. Même si hommes et femmes accordent aujourd’hui au mariage moins d’importance qu’il y a dix ans, fait valoir l’auteur, de manière générale, la cohabitation continue d’apparaître comme une étape préliminaire au mariage plutôt que comme son substitut. Dans le chapitre 6, Wu cherche à déceler les effets de ces changements d’attitude sur les comportements, c’est-à-dire sur la décision de vivre en union libre. La cohabitation prémaritale et la cohabitation postmaritale sont traitées séparément, à l’aide des tables et modèles de survie. Pour l’entrée dans l’un et l’autre état, l’auteur constate que le calendrier et les comportements selon le sexe sont les mêmes …