Comptes rendus : Économie internationale

Dollar Diplomacy. United States Economic Assistance to Latin America.Adams, Francis. The Political Economy of Latin America Series, Burlington, usa, Ashgate, 2000, 200 p.[Notice]

  • Jacques Fontanel

…plus d’informations

  • Jacques Fontanel
    Université Pierre Mendes France
    Grenoble, France

Pendant tout le siècle dernier, le gouvernement des États-Unis a constamment cherché à influencer le cours des événements politiques en Amérique latine. Il a même engagé des moyens militaires sur certains territoires, notamment à Cuba, au Honduras, au Panama ou au Nicaragua. Aujourd’hui, ces actions violentes par la force sont moins communes. Washington utilise d’autres méthodes comme l’augmentation des relations commerciales, mais aussi, en cas de conflit, la suspension des relations diplomatiques et l’application de restrictions économiques diverses. En théorie, il existe trois fondements à l’aide internationale bilatérales. Or, l’aide internationale constitue, pour les États-Unis, une forme importante de la « diplomatie du dollar ». L’Agence des États-Unis pour le développement international (usaid, ou United States Agency for International Development) est responsable de trois programmes principaux. D’abord, le Service d’assistance au développement (Development Assistance) se propose de promouvoir le progrès économique et social des pays pauvres. Il s’agit de dégager des fonds pour financer des projets dans un temps limité, avec des résultats attendus à court terme. Cette assistance concerne principalement la santé, le planning familial, l’éducation, le logement et le développement rural. Ensuite, le Fonds de soutien économique (Economic Support Fund) traite des questions structurelles, comme l’inflation, les déficits publics ou la balance commerciale. Le gouvernement américain cherche alors à promouvoir la stabilité économique des régions dans lesquelles les États-Unis ont des intérêts sécuritaires évidents. Enfin, l’Aide alimentaire (Food Aid) ou Nourriture pour la paix (Food for Peace) cherchent à financer les surplus agricoles en faveur des pays en difficulté alimentaire avérée. Il s’agit de dons, de soutiens ou de prêts à faible taux d’intérêt. Outre l’aide militaire, aux fondements et objectifs a priori différents, l’Amérique latine reçoit les trois formes d’aide civile. L’aide des États-Unis à l’Amérique latine a connu plusieurs politiques. Aujourd’hui, l’aide internationale américaine est faible et elle décroît. Ainsi, elle représentait 3,2 milliards de dollars constants (1992) en 1964 et seulement 439 millions en 2000. L’assistance au développement et les pays les plus pauvres ont été les premiers concernés par cet effondrement du financement. C’est pourquoi l’interprétation « humanitaire » reste naïve et utopique, même si elle explique quelques éléments de la réalité. Les hommes politiques sont dépendants de leur environnement national. Dans ce domaine pourtant, si les Américains seraient prêts à faire des efforts supplémentaires, il n’en va pas de même des gouvernements. Trop souvent, les considérations politiques semblent aujourd’hui l’emporter. Dans ces conditions, il s’agit, pour l’État, d’infléchir soit la politique des récipiendaires (notamment en matière de sécurité), soit de donner une image positive de l’Amérique qui sera, à court ou à long terme, utile pour les accords commerciaux. D’ailleurs, l’aide se situe dans les pays où les États-Unis ont le plus d’intérêts. La plus grande partie de l’assistance porte sur des crédits pour l’achat de biens et services produits par le pays donateur. Dans ces conditions, l’aide internationale se présente comme une subvention aux producteurs nationaux. Enfin, l’assistance favorise les investissements nationaux à l’étranger, elle crée un climat favorable aux produits américains et elle met en évidence l’intérêt des valeurs marchandes et du capitalisme en général. L’économie des États-Unis doit, si elle veut continuer à progresser, développer de nouveaux marchés, notamment dans les pays en développement. Autrement dit, le développement du Sud est sans doute une condition du développement économique des États-Unis. L’aide n’est finalement qu’un investissement à long terme en faveur des intérêts américains. La crise de le dette de l’Amérique latine est toujours présente, elle représente plus de 600 milliards de dollars. Or, si l’on veut soutenir les pauvres et les classes laborieuses par un soutien international, il …