Comptes rendus : Théories, méthode et idées

War and Gender. How Gender Shapes the War System and Vice Versa.Goldstein, Joshua S. Cambridge, Cambridge University Press, 2001, 523 p.[Notice]

  • Heather A. Smith

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  • Heather A. Smith
    International Studies Program
    University of Northern British Columbia

Dans le contexte des relations internationales, cet ouvrage se veut une contribution à la littérature sur la guerre et les sexes. Il s’intéresse aux moyens par lesquels le sexe influence la guerre, et la guerre influence le sexe. Pour Goldstein, la notion de sexe englobe « les rôles et les corps masculins et féminins sous tous leurs aspects ». Sa recherche s’appuie sur une série d’hypothèses qu’il « teste ». Nous ne pouvons ici exposer chacune de ces hypothèses en détail, mais une certaine attention doit tout de même leur être accordée. Par exemple, il rejette les prétentions selon lesquelles les femmes ne peuvent faire de bons soldats. Il a trouvé peu de preuves empiriques appuyant la thèse que des éléments biologiques empêchent la participation des femmes à la guerre, mais en a découvert certains qui corroborent le fait que la taille et la force physique sont des facteurs importants. Il rejette l’argument selon lequel les femmes ont une propension à éduquer. Il conclut que « les meilleures explications aux rôles des sexes dans un contexte de guerre se trouvent dans les infimes différences sexuelles innées qui touchent la taille moyenne et la rudesse, et l’idée culturelle d’hommes forts et braves qui féminisent leur ennemis pour mieux les dominer » (p. 406). Goldstein tire plusieurs conclusions qu’il croit être pertinentes aux relations internationales. L’une des plus importantes est le fait qu’il faut « accorder plus d’attention aux sexes (bien entendu, il ne s’agit pas d’accorder plus d’attention aux femmes) » (p. 407). Il avance aussi que pour intégrer les sexes, il faut adopter plusieurs niveaux d’analyse. Il réfléchit aussi sur les dilemmes « sociaux » qui se dégagent de ses conclusions. Par exemple, il affirme que les parents des garçons font face à un dilemme concernant la façon de socialiser leurs fils. Si les garçons sont socialisés d’une manière masculine, ils subiront des torts émotionnels ; si des traits de personnalité féminins sont favorisés, ils pourraient être considérés comme efféminés. Je n’ai aucun doute sur le fait que Goldstein veut aborder honnêtement la question des sexes et de la guerre avec une certaine ouverture d’esprit et dans la perspective de découvrir des faits véridiques. Il n’est pas indifférent aux horreurs de la guerre auxquelles font face les hommes et les femmes. En revanche, on observe une certaine négligence dans le langage qui frôle la condescendance. D’une couverture à l’autre, il y a des phrases que je contre-vérifierais pour m’assurer qu’elles sont vraiment de son cru. Je me suis demandé si les phrases avaient été formulées pour provoquer, ou si aucune réflexion n’avait été portée sur la manière dont elles se liraient. L’un des problèmes est le style utilisé pour les citations. Il porte à confusion et il est parfois très difficile de trouver la source de l’information. S’il s’agit du choix de l’éditeur, alors le style devrait être sérieusement revu. Ce n’est cependant pas qu’une question de style. Il y a trop de choix éditoriaux superflus de la part de l’auteur. Dans un exposé sur les femmes dans le contexte de la Guerre civile américaine décrivant les pensées d’une jeune femme, il écrit qu’une « adolescente a écrit sur ses fantasmes spécifiquement féminins » (p. 318). Il y a quelque chose de troublant dans la tournure de cette phrase. Est-il nécessaire d’ajouter l’élément « fantasmes spécifiquement féminins » ? On trouve plusieurs autres exemples où, si l’on inverse la phrase pour qu’elle réfère aux hommes au lieu des femmes, on aurait un résultat très bizarre. Par exemple, dans une discussion sur les femmes au combat, il affirme que « les …