Théories, méthode et idées : Internationalism and Nationalism in European Political Thought.Holbraad, Carsten. New York, Palgrave Macmillan, 2003, 194 p.[Notice]

  • Marc Parant

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  • Marc Parant
    École des hautes études en sciences sociales, Paris
    Citoyenneté et Immigration Canada

Écrit à la fin des années 1980 dans un contexte d’après-guerre froide, ce livre se veut un outil de référence pour mieux comprendre l’interaction des différentes philosophies politiques depuis le 19e siècle. Cet ouvrage sera donc utile pour tous ceux qui veulent étudier l’évolution de l’Europe moderne à travers ses différents courants, qu’ils soient de nature internationale ou nationale. Tout au long de son histoire récente, l’organisation du continent a en effet été conditionnée par le croisement de courants politiques contradictoires et par différentes formes de nationalisme. Carsten Holbraad présente une typologie utile en décortiquant les trois grands courants (conservateur, libéral et socialiste) ayant à la fois une implication internationale et nationale. L’auteur rappelle toutefois qu’aucun de ces courants n’a acquis de position de domination claire sur les autres. L’ouvrage est divisé en deux grandes sections : les courants de pensée de nature internationale et ceux qui ont puisé leur source dans les nationalismes européens. Ces deux grands courants sont eux-mêmes traversés par trois grandes écoles que sont le conservatisme, le libéralisme et le socialisme. L’auteur commence au cours du premier chapitre par aborder le conservatisme à tendance internationale. Des trois grands courants politiques, le conservatisme international est à la fois le moins connu et le moins développé, ce qui s’expliquerait, selon l’auteur, par son caractère intrinsèquement conservateur et son refus de bouleverser les règles établies. Le conservatisme puise ses origines dans l’Europe des guerres de religion des 16-17e siècles mais aussi dans l’équilibre des puissances, facteur de stabilité politique, qui a notamment influencé l’organisation de l’Europe au 19e siècle jusqu’à la guerre de 1914-1918. Le Conservatisme à l’échelle internationale est par nature pessimiste et défend l’idée d’un équilibre des pouvoirs pour consolider la paix en Europe et dans le monde. L’émergence d’une seule ou de deux uniques grandes puissances serait un facteur de conflits et de déséquilibre. Cette idée a notamment prévalu en Grande-Bretagne tout au long du 20e siècle dans son rapport avec la construction européenne. Les idéologues conservateurs restent ainsi méfiants à toute idée de « groupe-pionnier » qui pourrait se détacher du reste de l’Europe. Le conservatisme international s’appuie également sur des organismes internationaux (otan, onu) lorsque ceux-ci permettent un équilibre des décisions, propre à rassurer les petites et moyennes puissances par rapport aux grandes puissances. Le deuxième chapitre traite du libéralisme international. Contrairement au conservatisme international, le libéralisme, dans le cadre des relations internationales, a une vision optimiste des rapports humains et croit que le progrès économique et social présente de bien meilleures garanties de paix et de stabilité que l’équilibre des puissances. Influencés par les idées de « laisser-faire » économique élaborées dès le 18e siècle, les libéraux estiment que les États-nations devraient transférer autant que possible une partie de leur pouvoir politique au profit des organisations internationales, car celles-ci seraient moins dominées par des intérêts particuliers. Dans l’histoire de la construction européenne du 20e siècle, les idées libérales ont eu, de manière générale, peu d’influence, sauf en matière économique et financière. Le fonctionnalisme européen se base ainsi sur la promotion de programmes d’inspiration libérale visant à rassembler les Européens autour d’un projet commun sur la base du libre choix plutôt que sur des formes étatiques de coopération. Le troisième chapitre aborde la troisième forme de pensée politique: le socialisme dans les relations internationales. Les sources du socialisme sont relativement récentes en Europe. D’abord centrées sur les luttes de classes sociales, le socialisme a évolué progressivement au 20e siècle vers l’internationalisme avec la création de l’urss et du Comecon. Le but des théories …