Théories, méthode et idées : Democracy after Communism.Diamond, Larry et Marc F. Plattner (dir.). Baltimore, Johns Hopkins, 2002, 288 p.[Notice]

  • Jean Lévesque

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  • Jean Lévesque
    Texas Tech University

De par la variété de leurs approches et le caractère pléthorique de l’information contenue, il y a des ouvrages qui défient les recenseurs les plus acharnés. L’ouvrage de Diamond et Plattner est de ceux-là. Il contient vingt-six textes déjà publiés dans le Journal of Democracy durant les années 1990, textes ayant tous en commun d’offrir une interprétation du processus de démocratisation enclenché à la suite de l’effondrement du bloc de l’Est. Si thèse il y a dans ce volume, c’est bien celle de la diversité des expériences, ne serait-ce qu’en comparant la Pologne ou l’Estonie au Turkménistan qui s’enlise dans la dictature la plus crasse. Or, le but de Diamond et Plattner, qui dirigent la publication, n’est pas de présenter les résultats de recherches récentes sur la transition démocratique dans l’ancien monde communiste, mais plutôt d’offrir ce que le monde académique anglophone désigne par le terme reader ou une collection de textes visant un auditoire étudiant des différents cycles universitaires, alors qu’elle offre des textes fort utiles pour un cours sur la transition démocratique en Europe de l’Est. Les spécialistes qui suivent de près les publications en « transitologie » auront déjà lu ces articles au moment de leur première parution, ce qui apporte peu sur le plan de la recherche fondamentale. L’ouvrage contient des textes d’analyse dont plusieurs ont déjà acquis le statut de classiques et des textes, plus engagés, écrits par des acteurs de la transition en Europe de l’Est comme Mart Laar, premier ministre de l’Estonie indépendante, Bronislaw Geremek, figure en vue du mouvement Solidarité et ministre polonais des affaires étrangères entre 1997 et 2000, Leszek Balcerowicz, vice-premier ministre et ministre polonais des finances et Grigory Yavlinsky, leader du parti libéral russe Yabloko et même Anders Åslund qui fut un temps conseiller économique des gouvernements de Russie, d’Ukraine et du Kyrgyzstan. Le tout est adroitement condensé dans la conclusion lumineuse de Michael McFaul qui, en plus, s’attarde sur le caractère semi-démocratique de la Russie depuis 1992. Le plan de l’ouvrage regroupe les vingt-six articles en trois parties soit la rupture avec les régimes communistes, l’expérience de l’Europe de l’Est et la dernière partie sur le cas de l’ancienne Union soviétique. Dans la première partie, plusieurs textes comme ceux de Ghia Nodia, Valerie Bunce font directement référence, pour s’en distancer en conclusion, à l’approche de Samuel Huntington sur la troisième vague de démocratisation initiée par la chute des régimes autoritaires d’Europe du Sud (Portugal, Espagne, Grèce) qui s’étendit à plusieurs pays d’Amérique latine et ensuite d’Asie du Sud-Est et d’Europe de l’Est. Les textes de la seconde partie s’attardent sur l’Europe centrale et ont tendance à privilégier les cas réussis comme la Pologne et la République tchèque et ne couvrent qu’en passant les États où la transition est encore incertaine. C’est le même problème que l’on rencontre dans les articles de la troisième partie sur l’ex-Union soviétique où l’accent est mis sur les pays baltes et la Russie, ce qui laisse le lecteur sur son appétit en ce qui a trait à l’Asie centrale et au Caucase. En somme, l’aire géographique couverte par l’ouvrage est énorme et on ne peut s’attendre à voir toutes les régions traitées en profondeur. Par contre, la diversité des interprétations donnera au lecteur quelques bonnes semaines de réflexion quant aux facteurs déterminants : attitude des élites, culture politique, société civile, contexte international, succès des réformes économiques, homogénéité ethnique pour les uns et problème des minorités pour les autres. Parmi les vertus de l’ouvrage, plusieurs articles sont encore fort actuels pour comprendre les ratés de la transition démocratique. C’est le cas, par exemple, des …