Régionalisme et régions –Europe : La politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.Terpan, Fabien. Bruxelles, Bruylant, 2003, 540 p.[Notice]

  • Marc Parant

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  • Marc Parant
    École des hautes études en sciences sociales, Paris

Depuis l’adoption du Traité de Maastricht, les États membres de l’Union européenne s’efforcent de définir et de mettre en oeuvre une politique étrangère et de sécurité commune (pesc). S’appuyant sur les atouts économiques et commerciaux de l’Europe, cette politique intègre une dimension sécurité/défense et vise à transformer l’Union en puissance agissante. Si le 11 septembre 2001 a ouvert une période de crises et d’incertitudes qui rend plus difficile l’affirmation de la pesc, la perspective d’une montée en puissance d’une Europe politique et militaire reste conforme à la logique de l’histoire. Le but de cet ouvrage est d’établir à quel stade de son développement la pesc est parvenue, en faisant le bilan de ses réalisations après presque dix années de mise en oeuvre du traité de l’ue. Durant cette période les pays européens ont accompli des progrès, modestes selon Terpan, mais réels. S’il est excessif de conclure à l’inexistence de la pesc, l’affirmation de l’Europe sur la scène internationale reste épisodique et d’envergure limitée. Une réforme institutionnelle et organisationnelle de l’Union et de son pilier politique étrangère peut apporter des solutions. Fabien Terpan s’interroge sur la volonté politique de tous les États membres à améliorer la pesc et souligne le fait que le développement de l’Europe, en tant qu’acteur international, passe encore trop souvent après la défense des intérêts nationaux et des liens transatlantiques. Ce livre s’inscrit dans le débat qui oppose les États européens partisans d’une politique étrangère et de défense autonome de celle des États-Unis et ceux qui ne souhaitent pas remettre en cause le lien existant. Fabien Terpan fait en quelque sorte le bilan de ces positions et s’interroge sur la capacité de l’Europe à devenir un acteur politique de premier plan dans le monde. L’ouvrage est divisé en deux grandes parties. La première, divisée en trois sous-parties et sept chapitres, traite de l’affirmation de l’Union européenne en tant que puissance. L’auteur commence par aborder le thème de la connexion des politiques externes et la voie empruntée vers l’affirmation d’une puissance globale. Il constate une polarisation croissante des relations extérieures de l’ue mais ce phénomène conduit à terme à cette conclusion : si l’éclatement de l’ue en piliers ne répond pas à la logique d’une politique extérieure unifiée sans barrières économiques, politiques ou militaires, les pratiques de connexion des politiques externes interviennent pour compenser l’essence d’une unité normative et institutionnelle. Une puissance globale ne saurait être complète sans sa dimension sécurité/défense traitée dans la deuxième sous-partie. Ce thème inclut notamment la prévention et la gestion des conflits et le constat des lacunes européennes à combler. La nouvelle architecture de sécurité communautaire devra également résoudre le problème des relations avec les États-Unis. Les Américains ayant une position réservée, voire hostile à une autonomie européenne en matière de défense. Pour Terpan, l’ue devrait être en mesure de s’affirmer non pas comme une puissance sélective bornée à l’économie et au commerce, mais comme une puissance véritablement globale, y compris militaire, capable d’établir les connexions indispensables à la conduite d’une politique extérieure efficace. La troisième sous-partie analyse la dimension opérationnelle de la pesc notamment par une description des déclarations et des positions communes et par une analyse critique des actions extérieures menées par l’ue, notamment en Bosnie ou au Proche-Orient. L’Europe devrait faire à l’avenir une utilisation plus rationnelle des différents instruments à sa disposition. L’auteur différencie la diplomatie du verbe, par laquelle l’Union entend affirmer des intérêts mondiaux par une coopération systématique des déclarations et au besoin des positions communes (chap. 1), et la diplomatie de l’action, dans le cadre …