Comptes rendus

Économie internationale : Emerging Market Democracies. East Asia and Latin America.Whitehead, Laurence (dir.). Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2002, 226 p.[Notice]

  • Flavie Major

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  • Flavie Major
    Centre d’études interaméricaines
    hei, Université Laval, Québec

Cet ouvrage est issu d’une conférence portant sur l’État, l’économie de marché et la démocratie dans les régions de l’Asie de l’Est et de l’Amérique latine. Organisée conjointement par le Institute for National Policy Research de Taiwan, le Centro de Estudios Publicos de Santiago, Chili et le International Forum for Democratic Studies de Washington, cette conférence eut lieu à Santiago en novembre 1999. En plus des auteurs des chapitres du livre, elle a rassemblé politiciens, universitaires et analystes dans le but de discuter du processus de libéralisation politique et économique dans les deux régions. Certains chapitres du livre (ceux de Whitehead, de Fukuyama et Marwah, de Haggard et de Maxfield) ont déjà été publiés sous forme d’articles dans le Journal of Democracy. Le chapitre d’introduction de Laurence Whitehead dresse d’abord quelques comparaisons entre les deux régions, prenant comme point de départ le fait qu’elles ont toutes deux été touchées par des changements internationaux telles la fin de la guerre froide, la « troisième vague » de démocratisation et l’institutionnalisation des règles du commerce international. Whitehead y va de ce qu’elle qualifie elle-même de « généralisations » qui visent à amorcer le questionnement central de l’ouvrage : est-il possible de discerner une dynamique de convergence vers la libéralisation économique et politique au sein des deux régions, qui serait suivie d’une consolidation de la démocratie (p. 14) ? C’est une question vaste, surtout qu’il existe plusieurs différences entre ces régions, comme le note l’auteur, à la fois en ce qui concerne la période de leur transition à la démocratie, le type de crises économiques auxquelles elles ont fait face, ainsi que leur situation géopolitique. Whitehead fait donc une mise en garde contre les conclusions trop hâtives, mais elle encourage néanmoins analystes et politiciens des deux côtés du Pacifique à apprendre de leurs expériences mutuelles. Les trois chapitres suivants se concentrent sur l’une ou l’autre des régions. Stephan Haggard s’attarde d’abord aux facteurs politiques de la crise financière asiatique de 1997-1999, facteurs déterminants selon lui pour comprendre la tournure qu’a prise la crise en fonction de la réponse des divers gouvernements. Haggard s’attarde à trois questions principales. D’abord, comment certains types de gouvernements – étant donné la variété de démocraties et de dictatures de la région – ont géré la crise. Ensuite, comment la crise a affecté la relation entre gouvernement et secteur privé, en particulier dans quelle mesure les gouvernements ont pu balancer la puissance du secteur privé au lendemain de la crise afin d’adopter les politiques nécessaires à la relance économique. Enfin, Haggard s’intéresse à la façon dont les gouvernements ont répondu aux défis sociaux (assurance-emploi, santé, éducation) soulevés non seulement par la crise mais également par l’accélération de l’intégration de leur pays à l’économie mondiale. Deux chapitres sont ensuite consacrés à la question des relations entre l’État et le secteur privé dans chacune des régions, à la lumière du double défi que posent la démocratisation et la mondialisation. Tun-jen Cheng et Yun-han Chu, dans un premier temps, traitent surtout des cas de la Corée du Sud et de Taiwan, alors que Eduardo Silva, dans un deuxième temps, tire ses exemples empiriques des cas de l’Argentine, du Brésil, du Chili et du Mexique. Ces chapitres sont intéressants dans la mesure où les deux régions se distinguent sur le plan de la relation État-secteur privé. La collaboration étroite entre l’État et un secteur des affaires bien organisé a longtemps été perçue comme ayant contribué positivement à la transformation industrielle en Asie de l’Est, alors qu’en Amérique latine, le secteur privé était perçu jusqu’à récemment comme n’étant pas à la hauteur et faisait …