Comptes rendus : Organisations internationales

Amin, Samir, Robert Charvin, Jean Ziegler et Ann-Cécile Robert (dir.), onu. Droits pour tous ou loi du plus fort ? Regards militants sur les Nations Unies, Genève, Éditions du cetim, 2005, 432 p.[Notice]

  • Saïd Hamdouni

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  • Saïd Hamdouni
    Université des Sciences sociales,
    Toulouse 1, France

Cet ouvrage collectif est une publication du Centre Europe-Tiers monde (cetim) rassemblant les écrits de 28 auteurs. L’essentiel de ces contributions gravite autour de la problématique de l’utilité des Nations Unies à l’heure de la rupture de la paix dans plusieurs parties du monde et de la misère qui frappe des populations majoritairement issues des pays en développement. L’ouvrage est au coeur de l’actualité relative à la réforme de l’onu et tient sa place dans la littérature inhérente à cette thématique. Son attrait réside dans sa vision qui développe de nouvelles relations entre les nations, les peuples et les individus au regard des mutations que connaît la société internationale. Pour ce faire, quatre parties ont été retenues pour traiter ces regards militants sur les Nations Unies. La première partie, à titre introductif, brosse à grands traits quelques originalités de l’Institution. Celles-ci résultent d’abord des formulations ambiguës de la Charte constitutive de l’onu. Le préambule s’entame par cette célèbre formule « nous, peuples des Nations Unies… » Alors que ni les individus, ni les peuples dans le sens collectif, ne peuvent rejoindre l’Organisation. Le principe de l’égalité souveraine des États est l’un des piliers de la Charte ; or dans le cadre de l’instance restreinte à savoir le Conseil de sécurité, il y a des États qui sont plus égaux que d’autres. L’autre tare dont souffre l’Organisation est l’aspect tentaculaire de son réseau qui fait des Nations Unies une gigantesque machine regroupant à la fois des Institutions spécialisées et des organes subsidiaires. Un tel réseau pose immanquablement la question de la coordination entre ces agences diverses et variées. Néanmoins, les auteurs sont unanimes sur la continuité du système en raison du succès réalisé dans les domaines du droit international sur le désarmement et des droits humains. Certainement, des réformes inévitables s’imposent dont la plus importante est celle qui exige sinon une appropriation du moins une participation des mouvements sociaux aux travaux de l’Organisation. La deuxième partie du livre est consacrée au bilan de l’action des Nations Unies qui demeure très critiqué en matière politique, économique, sociale et sanitaire. Depuis la chute du mur de Berlin, l’onu est devenue l’objet d’une succession de coups d’État. Elle est de plus en plus dépossédée de ses véritables compétences et pouvoirs. D’abord, la Russie a pris, de fait, la place de l’urss au sein du Conseil de sécurité (cs) avec tous les droits et privilèges de membre permanent sans respect de l’art. 4 relatif à la procédure d’admission. Ensuite, ce Conseil est devenu une machine de production de certaines résolutions non fondées (résolutions 1368 et 1373) qui prétendent donner un semblant de légitimité, après le 11 septembre, aux autorités américaines dans l’appréciation unilatérale de qualification des situations. Les prémices, d’ailleurs, de cette nouvelle vision de la gestion des crises internationales ont été constatées lors du conflit Yougoslave où l’on a assisté à une marginalisation de l’onu au profit de l’otan. Cette marginalisation a été adoptée et consacrée par le nouveau concept stratégique de l’alliance atlantique qui n’est rien d’autre qu’une conception élargie de la sécurité. Dans cet ordre d’idées, les auteurs évoquent, bien évidemment, la guerre contre l’Irak qui n’est là aussi que la confirmation du viol gratuit du droit international. Le cs devient une autorité qui avalise l’occupation américaine de l’Irak (la résolution 1483.) La grande majorité des Irakiens pensent que les Nations Unies, le Conseil de sécurité et les équipes d’inspections devraient être rendus responsables de la situation en Irak dans la mesure où ces organes ne se sont pas opposés …