Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Sheeham, Michael, International Security. An Analytical Survey, Boulder, co, Lynne Rienner Publishers, 2005, 201 p.[Notice]

  • Jacques Fontanel

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  • Jacques Fontanel
    Université Pierre Mendès-France Grenoble, France

Le thème de la sécurité est au coeur des études sur les relations internationales (analysées comme la science traitant de la survie de l’humanité), notamment ces 50 dernières années. Il s’agit d’un concept essentiel qui a fait l’objet de débats importants, mais finalement pas si nombreux. Pendant la guerre froide, on est passé de la sécurité nationale, qui a pour objet la mise en place de politiques permettant aux États d’accroître leurs défenses militaires, à la sécurité internationale, qui prend en compte les relations d’otages mutuels des grandes puissances dans la stratégie de la terreur nucléaire. Progressivement, une approche multisectorielle de la sécurité s’est développée, ne se limitant pas à l’analyse traditionnelle centrée sur la seule sécurité militaire. Dans ce contexte, les conditions économiques et environnementales ont été incluses dans le concept global de sécurité. Cette nouvelle perception met en avant de nouvelles priorités, de nouvelles urgences. Ce livre se propose de faire une synthèse critique des diverses analyses de la sécurité et de contribuer au débat concernant le concept même de sécurité dans le monde moderne. Le champ d’étude sur la sécurité est décrit comme le fils du réalisme de Machiavel et de Hobbes. Pour définir la sécurité, il est nécessaire de faire des hypothèses sur son contenu. Le concept de sécurité nationale fait référence aux forces armées, à l’effort diplomatique et à « l’intelligence service ». C’est une conception étroite de la sécurité. Cependant, cette distinction reste d’abord normative ; elle dépend notamment de l’influence des cultures régionales et nationales. L’école réaliste a connu des antécédents, avec Thucydide ou Hobbes notamment. Pour les « réalistes », les relations internationales cherchent à interpréter un système anarchique qui ne dispose pas de règles suffisamment respectées, du fait de l’absence d’un gouvernement centralisateur puissant. Les États sont à la poursuite du pouvoir, ce qui conduit inévitablement à des conflits d’intérêt. C’est une tragédie. Pourtant quelques États proches n’entrent pas dans cette logique, comme le Canada et les États-Unis ou la Norvège et la Suède. Il existe un minimum de coopération possible dans un système international anarchique. Cette analyse comporte de nombreuses hypothèses, notamment l’existence d’un idéal abstrait et d’un environnement cruel, dans un univers sans temps et immuable. Le rôle central de l’État est de protéger le citoyen des dangers internes et externes, la défense nationale constituant l’objectif et l’obligation prioritaires des gouvernants. La recherche du pouvoir est permanente, notamment avec la puissance militaire. Il existe donc un contraste fondamental entre un État organisé et un ordre international dangereux. Dans ce contexte, la puissance est à la fois un objectif et un moyen. La force militaire est l’instrument essentiel qui favorise le développement économique, la diplomatie ou la propagande. Le pouvoir de tuer et de détruire est essentiel. La guerre, c’est aussi une manière de faire de la politique selon Clausewitz. Elle est justifiée par les fibres mêmes de l’humanité à la recherche de domination. Pour Machiavel, les fondations de l’État portent sur de bonnes lois (école institutionnaliste) et sur de bonnes armes. C’est le caractère immuable du dilemme de la sécurité. Pour les « réalistes », la guerre est un fait humain qui ne peut pas être éliminé. Aujourd’hui, l’école « néoréaliste » s’est développée. Elle n’a pas une hypothèse aussi radicale sur la nature humaine de domination. Elle propose plutôt une analyse sur la structure du système international et la conduite des États eux-mêmes (Waltz). Les États sont dans l’obligation de rechercher leur sécurité dans un contexte international anarchique, notamment par l’acquisition d’une force militaire. Parfois, la bonne stratégie n’est pas l’affrontement, mais la coopération. Les États doivent choisir …