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James D. Thwaites, professeur titulaire au Département des relations industrielles de l’Université Laval, a dirigé un ouvrage magistral, 38 experts et plus de 900 pages, sur la mondialisation, ses origines, ses développements et ses effets. Dans sa brillante introduction, James D. Thwaites cherche d’abord à définir le concept. Il montre très bien qu’en tant que concept, celui de mondialisation est relativement nouveau, même si derrière se trouvent des racines profondes. Il nous montre également que la mondialisation, phénomène ancien, ne s’avère pas uniquement être économique et financier. En effet, elle constitue un phénomène complexe, à multiples facettes : économique, sociale, culturelle, militaire, etc. L’auteur cite plusieurs exemples à l’appui de sa thèse. Il insiste également sur le fait que la mondialisation touche de nos jours certains des aspects les plus intimes de notre vie, y compris la langue, la culture et la musique. La question de la santé joue également un rôle mondial, et de citer les grandes épidémies du passé, et de nos jours le sida, l’ebola et le sras contre lesquelles, au niveau mondial, l’Organisation mondiale de la santé (oms) est mobilisée.

James D. Thwaites insiste bien entendu sur les aspects les plus négatifs de la mondialisation, à savoir les guerres « mondiales » du vingtième siècle, l’échec de la Société des Nations, mais également l’espoir né de la création des Nations Unies et plus récemment, les nouvelles initiatives en droit pénal international, notamment la création de la Cour pénale internationale.

Dans son introduction, l’auteur survole tous les grands problèmes de l’époque, la création du Fonds monétaire international, les tentatives d’intégration régionale plus ou moins bien réussies, la guerre froide et ses conséquences, la décolonisation, la décomposition de l’urss, la montée de la Chine, etc., mais il ne se contente pas de cela. Il questionne également le nouvel ordre qui se met en place sous toutes ses formes. C’est ainsi qu’il s’interroge sur la vision néo-libérale et ses contestations. Celles-ci commencent à se structurer grâce aux expériences comme Seattle, Québec, Porto Alegre et Mumbai, à proposer et à exiger des alternatives aux politiques économiques et financières dominantes. Il relève enfin qu’un autre défi, lui aussi lié à la mondialisation, émerge de nos jours, selon l’auteur.

Partant de l’idée que connaître la mondialisation de nos jours est plus qu’un simple intérêt mais une nécessité, James D. Thwaites a confié à 38 spécialistes la rédaction d’articles qui s’inscrivent tous dans la problématique étudiée. Parus à divers moments pendant la dernière décennie, et parfois inédits, l’ensemble de ces articles nous révèle en effet une vue longitudinale du phénomène de la mondialisation sous divers aspects.

Les textes sont présentés de façon thématique et géographique. La première partie du volume est composée de trois sections, à caractère thématique, notamment : 1) continuité ou rupture ? ; 2) vers la mondialisation : économie, entreprise, emploi et syndicalisme ; 3) vers la mondialisation : déséquilibres et débats de fond.

Dans ces sections, le but poursuivi consiste à fournir une toile de fond historique et conceptuelle au lecteur, et ensuite, à lui fournir une vue d’ensemble de thèmes et de problèmes majeurs associés à la mondialisation. On remarquera en particulier les articles sur les mutations des stratégies d’entreprise face à la mondialisation ainsi que ceux consacrés à l’emploi et au syndicalisme face à ce phénomène.

La seconde partie du volume comprend cinq sections composées d’études sur diverses parties du monde : 4) observations sur l’espace européen ; 5) observations sur l’espace nord-américain ; 6) observations sur l’espace sud-américain ; 7) observations sur l’espace asiatique ; 8) observations sur l’espace africain. Cette partie de l’ouvrage s’efforce de sensibiliser le lecteur aux questions fondamentales associées à la mondialisation qui affectent les diverses régions du monde. On observera qu’à l’intérieur de chaque section, les articles paraissent par ordre alphabétique des auteurs.

Il est évidemment difficile, comme l’indique d’ailleurs James D. Thwaites, de suggérer au lecteur une façon précise et uniforme de se servir du contenu d’un tel ouvrage, ou encore une séquence donnée de lecture, car chacun des articles qui le composent constitue une étude unique en soi. Le lecteur observera d’ailleurs qu’il n’y a pas nécessairement d’uniformité ni dans l’approche ni dans les opinions exprimées par les différents auteurs. C’est ce qui fait la richesse de cet ouvrage exhaustif et diversifié. Il est clair que le contenu de chaque section peut se prêter à un exercice particulier. Si on prend à titre d’exemple le contexte nord-américain, le lecteur pourra utilement commencer par lire les articles de James D. Thwaites dont les sujets se situent surtout au début du processus de l’adoption et de l’intégration de l’ale et de l’alena au Canada, suivis de l’article de Lance Compa qui analyse la situation aux États-Unis au départ et par la suite. L’article de Anthony Giles et de Dalil Maschino ainsi que celui de Stéphanie Treillet présentent une vue d’ensemble des résultats, le premier au niveau des trois pays impliqués et le dernier sur le Mexique. Et on pourrait multiplier les exemples de ce genre selon les diverses sections mentionnées plus haut.

On le voit, le lecteur devra s’orienter lui-même dans les différentes sections ce qui rend la lecture parfois difficile et fastidieuse. Il faut toutefois relever que les multiples liens entre les articles dans les diverses sections de cet ouvrage bien documenté plaident en faveur d’une certaine expérimentation selon les intérêts du lecteur. C’est finalement le lecteur, en fonction de ses propres préoccupations, qui jugera de l’utilité d’un tel ouvrage.

Il faut cependant signaler que les textes présentés dans ce volume constituent à notre connaissance la collection la plus importante présentée sur la mondialisation sous tous ses aspects. Il est évident qu’il est difficile d’être exhaustif face à un phénomène d’une telle ampleur et qui, de surcroît, connaît des développements rapides. Comme l’indique James D. Thwaites, il s’agit d’un échantillonnage, bien large il faut l’avouer, qui devrait permettre au lecteur de cerner le phénomène de la mondialisation et de poursuivre son étude en fonction de ses propres intérêts. On ne saurait mieux dire.