Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Graz, Jean-Christophe, La gouvernance de la mondialisation, coll. Repères, Paris, La Découverte, 2004, 127 p.[Notice]

  • Olivier Boiral

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  • Olivier Boiral
    Faculté des sciences de l’administration Université Laval, Québec

La mondialisation et sa gouvernance ont été l’objet d’une multitude d’ouvrages au cours des dernières années. Celui de Jean-Christophe Graz, professeur à l’Université de Lausanne et codirecteur de la revue A contrario se distingue avant tout par sa concision et sa perspective très interdisciplinaire. Ainsi, en moins de 125 pages, l’auteur se propose d’analyser une thématique aussi large que complexe et controversée en l’abordant sous des angles historiques, politiques et économiques. Des questions aussi diverses que la globalisation financière, la normalisation, la clause sociale ou encore les enjeux environnementaux sont traitées avec un souci de synthèse plus que d’approfondissement et de détail. Cette approche élargie s’inscrit dans ce que l’auteur appelle la « quatrième génération » des travaux sur la mondialisation. Contrairement aux approches traditionnelles, surtout centrées sur le pouvoir des États face à celui des marchés, il s’agit ici d’intégrer dans le champ d’analyse un ensemble beaucoup plus vaste d’acteurs et de mécanismes de régulation. Les deux premiers chapitres permettent de mettre en contexte ces mécanismes de régulation de l’ordre international. Dans le premier chapitre, l’auteur propose quelques repères historiques tout en militant pour une vision non linéaire et complexe de la mondialisation. Reprenant le concept classique « d’économie-monde » de Braudel ainsi que les analyses non moins classiques de Polanyi, les origines et le développement du capitalisme jusqu’à la création de l’omc en 1995 sont décrits de façon on ne peut plus succincte. Le second chapitre présente des cadres d’analyse pour appréhender l’ordre international à partir de diverses perspectives théoriques. Après un exposé des principales théories classiques (fonctionnalisme, réalisme, marxisme et impérialisme, libéralisme), le concept de multilatéralisme est décrit comme un « projet de société spécifique » reposant sur des valeurs communes plus que sur un réel principe de régulation. Enfin, les approches contemporaines, centrées sur différents régimes internationaux, sur le pouvoir structurel et sur la théorie critique sont analysées. Le concept de gouvernance, qui s’inscrit dans ces approches contemporaines est abordé à partir notamment des travaux sur la question de la Commission on Global Governance. Ce concept permet d’analyser le rôle des organisations non gouvernementales et des autorités privées dans les mécanismes dits « hybrides » de régulation de la mondialisation. Les autres chapitres de l’ouvrage sont centrés sur des enjeux majeurs associés à la gouvernance de la mondialisation. Le premier de ces enjeux est celui de la régulation financière internationale. Plutôt que de décrire, en suivant un schéma classique, le rôle des institutions de Bretton Woods, l’auteur centre son analyse sur les liens entre la globalisation, l’instabilité monétaire et le creusement des inégalités dans le monde en dénonçant notamment les effets pervers de la libéralisation des marchés financiers et du consensus de Washington. La description d’une douzaine de plates-formes de régulation financière internationale permet d’illustrer la complexité du système monétaire actuel, le rôle accru des acteurs privés et l’érosion du pouvoir des États. Le second enjeu analysé est celui de la production, du travail et des migrations : délocalisations, accords sur l’investissement, conventions de l’oit, responsabilité sociale d’entreprise, etc. La normalisation internationale et les accords interétatiques sont les principaux instruments de régulation envisagés dans ce chapitre. Le troisième enjeu abordé est celui du commerce et de l’harmonisation des conditions de l’échange. L’auteur fait ici un retour sur les sempiternels débats entre protectionnisme et libéralisme, entre régionalisme et bilatéralisme, etc. Le rôle de l’omc dans le processus de mondialisation et celui de l’opposition alter-mondialiste ne sont pas oubliés. Le dernier enjeu recensé traite de la santé, de l’environnement et de la « gouvernance du vivant ». En suivant le même cheminement généraliste, …