Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Lim, Timothy C., Doing Comparative Politics. An Introduction to Approaches and Issues, Boulder, co, Lynne Rienner Publishers, 2005, xiv+336 p.[Notice]

  • Yves Laberge

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  • Yves Laberge
    Département de sociologie
    Université Laval, Québec

Cet ouvrage théorique et pratique rédigé dans un style clair se veut une introduction générale à la politique comparée (en anglais comparative politics), c’est-à-dire l’étude comparative en sciences sociales, plus particulièrement dans les domaines de la science politique et des relations internationales. Il s’agit du premier livre de Timothy Lim, qui est professeur de science politique à la California State University de Los Angeles. Divisé en trois parties et subdivisé en neuf chapitres, Doing Comparative Politics. An Introduction to Approaches And Issues veut amener l’étudiant à une meilleure connaissance des outils méthodologiques, conceptuels et théoriques pour procéder de manière autonome à des recherches universitaires en politique comparée. L’ouvrage se veut pédagogique et découle probablement d’un cours. Plusieurs chapitres semblent excellents et souvent novateurs sur le plan de la synthèse entre les disciplines. D’abord, afin de bien cerner son sujet, l’auteur juxtapose quatre définitions complémentaires de la politique comparée. De celles-ci, retenons la formulation proposée initialement par le politicologue américain Gregory Mahler, qui écrivait en l’an 2000 que la politique comparée « recherche les similitudes et les différences entre les phénomènes politiques, ce qui inclut les législations, les procédures, les partis politiques, les groupes d’intérêt, les comportements, le vote (…), les idées politiques ». En fait, pour Timothy Lim, le fondement même de l’étude des relations internationales demeure avant tout au niveau des interactions (c’est lui qui souligne) entre les États, ce qui lui permet d’insister sur les dimensions sociologiques et comparatives dans une multitude de secteurs. Après un rappel sommaire sur les principaux usages de la pensée critique en sciences sociales, l’auteur précise le vocabulaire de base (les deux types de variables), puis fournit plusieurs exemples de comparaisons, afin de préciser ce qui peut être comparé ou non, selon les similitudes entre les objets choisis, pour ensuite ébaucher les étapes essentielles d’une étude de cas. Parmi les exemples retenus, on peut voir le taux comparé d’homicides par armes à feu entre les États-Unis et le Canada. Toutefois, bien d’autres pays sont mentionnés dans les exemples de comparaison, de la Suède à Taïwan. Plus loin, pour conclure sa première partie, l’auteur propose une synthèse impressionnante de plusieurs recherches récentes et conçoit même un catalogue étoffé d’une vingtaine de théories actuelles en politique comparée, desquelles nous retiendrons certaines des plus connues : « le corporatisme, la théorie des élites, l’impérialisme, le marxisme et ses variantes, la modernisation, la théorie des nouveaux mouvements sociaux, le post-structuralisme, le choix rationnel, le structuro-foncfonctionnalisme, la théorie des systèmes mondiaux ». Quelques-unes de ces théories sont ensuite brièvement présentées au troisième chapitre. La partie centrale de l’ouvrage propose cinq études de cas pertinentes à partir de questionnements spécifiques sur la pauvreté et la richesse de certains pays d’Afrique et d’Asie, la notion de démocratie, les mouvements sociaux émergents (avec de nombreuses définitions en p. 236) et le terrorisme. Ce dernier chapitre touche d’ailleurs le conflit libanais de 1983 et cet exemple demeure d’une étonnante actualité. Dans plusieurs cas, l’analyse part d’un thème général (la démocratie, la différence, l’hégémonie) pour ensuite expliquer une situation particulière ou des mutations sociales : ainsi, la dépendance engendrerait la pauvreté ; le colonialisme se changerait en mouvements identitaires et nationaux. Par ailleurs, la question de la démocratie se pose en observant les régimes de certains pays asiatiques ; Timothy Lim examine les exemples les plus problématiques (la Chine) mais rend également compte des progrès notables dans le processus de démocratisation en Inde. Il faut admettre que le texte fait toujours preuve d’une grande prudence méthodologique pour identifier les limites de la recherche comparative et éviter les pièges de la généralisation abusive. …