Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Munoz, Heraldo (dir.), Democracy Rising. Assessing the Global Challenge, Boulder, co, Lynne Rienner, 2006, 172 p.[Notice]

  • Dany Deschênes

…plus d’informations

  • Dany Deschênes
    Département d’histoire et de sciences politiques
    Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec

L’établissement de régimes démocratiques demeure un enjeu politique majeur, encore aujourd’hui, pour l’espace international. Malgré la troisième vague de démocratisation, on constate, sinon un reflux, du moins un ralentissement important des processus de transitions et de consolidations démocratiques dans de nombreuses régions du monde. Malgré tout, la volonté d’élargir la communauté des régimes démocratiques demeure bien présente parmi de nombreux acteurs. Depuis l’an 2000, il existe une organisation regroupant plus de cent États qui est dédiée à la promotion de la démocratie à travers le monde (Community of Democracies). Le groupe a été fondé en 2000, et par la suite, s’est réuni en 2002 à Séoul et en 2005 à Santiago. L’ouvrage propose les contributions de dix-sept participants à un séminaire intitulé The State of Democracy in the World qui a été organisé dans le cadre de travaux préparatoires à la rencontre de Santiago d’avril 2005. L’ouvrage comporte trois sections regroupant dix-sept courtes contributions d’auteurs venant de divers horizons : universitaires, fonctionnaires, diplomates et personnalités politiques. De plus, on retrouve en annexe les déclarations officielles des conférences de Varsovie, de Séoul et de Santiago. En introduction, Heraldo Munoz souligne l’influence de la fin de la guerre froide et de la mondialisation dans le développement des régimes démocratiques depuis de nombreuses années. Il cite le philosophe italien Roberto Bobbio sur l’importance du gouvernement par la loi (Rule of law) comme une dimension essentielle de la démocratie. Il présente aussi l’organisation de la Community of Democracies et fait un excellent résumé des contributions qui constituent l’ensemble de l’ouvrage. La première partie qui s’intitule Democracy Today regroupe cinq textes qui cherchent à faire le point sur quatre aspects majeurs : les facteurs essentiels à la construction d’une démocratie viable, les liens entre le développement et la sécurité, la promotion de la démocratie, et enfin les réalisations et les enjeux de la gouvernance démocratique. Ainsi, dans le chapitre deux, José Miguel Insulza propose une vision traditionnelle des facteurs favorisant l’émergence d’une démocratie viable à savoir : des institutions politiques solides, l’existence d’une société civile dynamique et la présence d’un développement économique fort. Pour sa part, Mark Malloch Brown rappelle que si, depuis 1990 (selon les statistiques du Programme des Nations Unies pour le développement), la population du globe vivant dans un régime où ont eu lieu des élections multipartites a augmenté, passant de 44 % à 58 %, et de ce nombre seulement 60 % vivent dans un régime véritablement démocratique. Pour Brown, l’onu a un rôle important à jouer afin d’augmenter ce pourcentage, notamment par l’entremise des objectifs du millénaire. Ces derniers peuvent aussi bien répondre au besoin d’élargir la communauté démocratique que satisfaire aux enjeux actuels à l’égard de la sécurité. Dans le chapitre 4 Andrés Rozental s’intéresse à la fragmentation des acteurs qui promeuvent la démocratie sur la scène internationale. Pour ce dernier, il est nécessaire de recentrer cette promotion en adoptant une stratégie commune par la création d’une coalition de gouvernements, d’ong et d’organisations internationales, par la participation véritable des populations, et non pas de certains groupes privilégiés, à l’établissement de régimes démocratiques et enfin, par l’accent placé sur la coopération régionale et sur la démocratie locale, cette dernière étant trop souvent oubliée. Dans le chapitre 5, Carl Gershman fait un topo intéressant en ce qui concerne l’accroissement de l’appui à la démocratie dans les pays et les cultures non occidentales. Pour ce dernier, on peut parler depuis vingt ans d’une forme de révolution tranquille dans ce domaine par le biais des sociétés civiles et des ong. Toutefois, affirme l’auteur, il ne faut …