Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Hendrickson, Ryan C., Diplomacy and War at nato. The Secretary General and Military Action after the Cold War, Columbia, mo, University of Missouri Press, 2006, 173 p.[Notice]

  • Jean-François Morel

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  • Jean-François Morel
    Ministère de la Défense nationale, Ottawa

Depuis sa création en 1949, l’otan a suscité une quantité considérable d’analyses, les nombreuses crises qui ont parsemé l’histoire de l’Alliance atlantique provoquant toujours beaucoup d’intérêt. Ainsi, les déchirements qui ont accompagné l’invasion franco-britannique après la nationalisation du canal de Suez, la décision du Général de Gaulle de retirer la France de la structure militaire intégrée de l’Alliance en 1966 ou encore les dissensions qui ont suivi l’adoption du rapport Harmel en décembre 1967 ont été examinés par de nombreux politologues et historiens. Sans surprise, la transformation de l’otan depuis la fin de la guerre froide a aussi donné lieu à une quantité non négligeable de travaux, ceux de Stanley Sloan, de Sean Kay ou encore de Lawrence Kaplan figurant certainement parmi les plus accomplis. En dépit de cette production scientifique importante, il est étonnant de constater à quel point le rôle du secrétaire général de l’otan a intéressé peu de chercheurs jusqu’à maintenant. C’est ce vide que cherche à combler Ryan Hendrickson par son ouvrage Diplomacy and War at nato. Dans son livre, Hendrickson souhaite évaluer comment les secrétaires généraux qui se sont succédés à la tête de l’otan depuis la fin de la guerre froide ont influencé l’évolution de l’organisation. Plus précisément, l’auteur souhaite déterminer quelle place ont occupée les secrétaires généraux dans les débats entourant l’utilisation de la force par l’Alliance atlantique. Le livre d’Hendrickson se présente donc comme une série d’études de cas, chacun des chapitres abordant à tour de rôle les actions des secrétaires généraux qui ont veillé aux destinées de l’Alliance depuis 1989. Ainsi, après avoir fait dans le premier chapitre une brève récapitulation des fonctions assumées par les secrétaires généraux à l’époque de la guerre froide, Hendrickson aborde dans les deux chapitres subséquents les actions posées par Manfred Wörner, secrétaire général de 1988 à 1994, et Willy Claes, qui lui a succédé à ce poste jusqu’en décembre 1995, pour engager l’otan en Bosnie-Herzégovine. Dans le chapitre 4, l’auteur tente cette fois d’établir le rôle de Javier Solana, secrétaire général de 1995 à 1999, dans la décision de déclencher des bombardements aériens contre la République fédérale de Yougoslavie en 1999, l’opération « Force alliée » demeurant à ce jour la plus importante campagne militaire de l’histoire de l’otan. Finalement, dans le cinquième chapitre, Hendrickson examine l’apport de Lord Robertson, qui a assumé les fonctions de secrétaire général de 1999 jusqu’à la fin 2003, dans la décision de l’otan de fournir des appuis défensifs à la Turquie en février 2003, au moment où se préparait l’intervention américaine en Irak. Pour évaluer l’influence des secrétaires généraux, l’auteur adopte un modèle d’analyse qui prend en compte trois « forums de leadership » où ils ont pu faire valoir leurs idées et défendre leurs prises de position au sujet de l’utilisation de la force par l’Alliance atlantique. Le premier forum sur lequel s’arrête Hendrickson est celui du niveau « systémique ». Quoique le terme « systémique » puisse ici porter à confusion, Hendrickson examine surtout, à cette étape de son analyse, comment les secrétaires généraux ont contribué à façonner l’agenda politique international et comment, en retour, les conditions politiques internationales ont interagi sur leur habilité à diriger l’otan au moment où le recours à la force militaire était envisagé. Le deuxième forum de leadership se situe au niveau organisationnel, où Hendrickson examine surtout comment les secrétaires généraux dirigent les débats au sein du Conseil de l’Atlantique Nord, le principal organe décisionnel de l’Alliance. Finalement, Hendrickson aborde un troisième niveau d’analyse, celui des relations civilo-militaires, par lequel il tente …