Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Coulon, Jocelyn (dir.), Guide du maintien de la paix 2007, Outremont, qc, Athéna éditions, 2006, 280 p.[Notice]

  • André Dumoulin

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  • André Dumoulin
    École royale militaire, Bruxelles

Chacun est maintenant conscient que le maintien de la paix avec ses excroissances que sont la reconstruction des structures étatiques, la prévention des conflits et le rétablissement de la paix, et enfin son imposition occupent une place dominante dans l’après-guerre froide. Cette 5e édition du Guide du maintien de la paix toujours très instructive rappelle l’importance de la notion de légitimité et d’impartialité des actions onusiennes avant de nous présenter les actes d’un séminaire ténu à Montréal en mai 2006 (coorganisation cepes et Centre Pearson) à propos de la définition sémantique et politique d’opération de paix. L’ouvrage est structuré en huit dossiers et se termine par une chronologie du maintien de la paix (Tremblay) et plusieurs données statistiques et documentaires (Létourneau) très utiles. La première contribution (Durch et Berkman) traite des questions complexes autour de la Définition et la délimitation des opérations de paix en rappelant l’évolution historique du maintien de la paix, puis son application aux opérations de paix actuelles plus complexes et plurifonctionnelles. Concept évolutif, assimilant la complexité des environnements déstructurés, poussant les États à intégrer de nouveaux concepts dans leur doctrine d’opération et d’outillage, les auteurs décrivent la controverse autour de la typologie des opérations de paix et les questions sémantiques autour de la terminologie. Chaque taxinomie proposée se complique du fait du caractère hybride des missions, du type de mandats et des zones d’intervention ; structuration devant elle-même tenir compte de l’évolution de la doctrine (nationale, onusienne, otanienne) et de l’évolution mouvante de la situation sur le terrain dont les acteurs internes fonctionnent souvent avec des agendas cachés. La deuxième contribution (Novosseloff) examine les normes mises à l’épreuve du rapport Brahimi (2000) à travers l’examen d’opérations de paix onusiennes. Le plus souvent, les documents conceptuels furent dépassés ou passablement perturbés par les situations exceptionnelles du terrain. Alors que les opérations de paix de l’onu ont un statut hybride (chap. six et demi) et un caractère spécial, elles impliquent de multiples acteurs et des situations chaque fois spécifiques. Il nous faut également tenir compte des questionnements sur la stratégie d’entrée et les contraintes calendaires et politiques de la stratégie de sortie de crise et de désengagement à la carte. Malgré la nécessité de l’accord préalable des parties au conflit, du mandat clair et du soutien des États participants, le quotidien des opérations de maintien de la paix évoluera toujours entre contraintes budgétaires, incertitudes du terrain et crédibilité capacitaire des casques bleus. Quant à David Last, il distingue brillamment le maintien de la paix du maintien de la paix impérial par le biais de l’examen du lexique et ce, à partir d’exemples historiques liés au maintien de la paix et aux anciennes pratiques du colonialisme et de l’impérialisme. Il s’agit aussi d’examiner dans le champ historique les liens entre le maintien de l’ordre dans les communautés et la gestion des marchés. Enfin, l’auteur nous présente le défi autour de la gestion des marchés dans les conflits prolongés. Après avoir présenté diverses critiques intellectuelles autour du maintien de la paix, l’argumentaire des impuissants et leurs relais, ainsi que les intérêts internationaux, Last nous entraîne dans l’espace économique, entre les effets des critères fmi jusqu’aux marchés des matières premières hautement belligènes, les polices expéditionnaires et le maintien de l’ordre économique colonial ou encore le jeu des multinationales et la police de proximité internationale. Patrice Sartre aborde pour sa part la question de la conception pratique des opérations de paix aujourd’hui et plus particulièrement les trois domaines qui peuvent encore être améliorés : une perception mieux partagée de la crise, une plus grande cohésion des chaînes de …