Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Macdonald, David B., Robert Patman et Betty Mason-Parker (dir.), The Ethics of Foreign Policy, coll. Ethics and global politics, Aldershot, Ashgate, 2007, 249 p.[Notice]

  • Jérémie Cornut

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  • Jérémie Cornut
    Département de science politique
    Université du Québec à Montréal, Montréal

Pour plusieurs auteurs de l’ouvrage collectif The Ethics of Foreign Policy, codirigé par David B. MacDonald, Robert G. Patman et Betty Mason-Parker, l’éthique est un sujet qui présente un intérêt renouvelé depuis la fin de la guerre froide. Son originalité se situe maintenant plutôt dans sa volonté d’étudier l’éthique de la politique étrangère. Alors qu’elle est très présente dans les discours officiels, l’éthique dans les relations internationales a longtemps été le domaine réservé des juristes et des philosophes : sans doute sous l’influence du réalisme qui tend à privilégier les facteurs matériels, ceux qui étudient la politique étrangère ne s’y sont pas beaucoup intéressés. Dans ce domaine, la contribution de l’ouvrage est avant tout empirique : les quatorze chapitres de ce livre présentent chacun un aspect particulier du rôle de l’éthique dans la politique étrangère. Au-delà d’une définition purement théorique de ce qu’est l’éthique (« la science du bien et du mal ») et de ce qui est éthique (ce qui est bien), l’ouvrage permet ainsi de clarifier ce dont il s’agit enréalité. L’objectif, souvent atteint, est de montrer que la conception diffuse selon laquelle il y aurait une opposition inconciliable entre les intérêts et l’éthique (entre power politics et moral politics) est dépassée. La première partie aborde le lien entre la moralité et la « guerre au terrorisme ». Le premier chapitre, écrit par David B. Macdonald, s’intéresse ainsi à la politique étrangère américaine et à l’exceptionnalisme qui la sous-tend. La forme la plus récente de cet exceptionnalisme, qui s’exprime à travers un rapprochement entre l’holocauste et l’anti-américanisme, est particulièrement déconstruite. Il s’agit là du plus critique des chapitres, puisqu’il démontre que le discours éthique (l’exceptionnalisme) est « plus un obstacle qu’une aide pour l’élaboration d’une politique étrangère éthique ». Le deuxième chapitre, écrit par James R. Flynn, défend l’idée que les États-Unis ont le choix entre une politique « classique » de grande puissance dont la sphère d’influence s’étend au monde entier et la politique éthique d’un « souverain mondial ». C’est donc la politique étrangère américaine telle qu’elle devrait être qui est décrite, ce qui conduit parfois l’auteur à s’éloigner du domaine du possible (peut-on vraiment, par exemple, envisager que les États-Unis internationalisent leur puissance ?). L’objectif du troisième chapitre de Barry Cooper est, en partant de la philosophie classique (et de ses contradictions), de montrer qu’une politique étrangère qui lutte contre le terrorisme islamiste est « nécessaire et juste », parce qu’il s’agit de défendre la sécurité nationale contre une menace avec laquelle « on ne peut négocier ». Apparaît alors dans ce chapitre la possibilité d’une éthique qui ne soit pas morale, qu’il s’agisse de l’éthique machiavélienne ou de celle des terroristes islamistes. La deuxième partie traite du lien entre moralité et sécurité globale. Le premier chapitre, écrit par B.K. Greener-Barcham, montre en quoi l’envoi de policiers à l’étranger est éthique. Sont développés les cas de l’envoi de Néo-Zélandais et d’Australiens respectivement dans les îles Salomon et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Si pour l’auteur ce qui est éthique est ce qui est légal, le contexte et les conséquences des interventions sont aussi à prendre en considération. Le chapitre suivant, écrit par Nicholas J. Wheeler et Rachel J. Owen, décrypte dans le détail la légalité des guerres du Kosovo et d’Irak. Dans ce cas-là également ce qui est éthique est ce qui est légal, mais il faut s’en tenir à l’esprit du droit qui peut être contraire à la lettre du droit, les auteurs montrant comment celui-ci est susceptible d’être interprété de manières opposées. Ainsi, le « veto déraisonnable » d’un membre du Conseil …