Comptes rendus : Développement et coopération internationale

Cooper, Andrew F., John J. Kirton et Ted Schrecker (dir.), Governing Global Health. Challenge, Response, Innovation, coll. Global Environmental Governance, Alderscot, Ashgate, 2007, 296 p.[Notice]

  • Aurélia Aebischer

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  • Aurélia Aebischer
    Élève directrice d’établissement sanitaire et social
    École nationale de la santé publique, Rennes, France

Ce douzième livre de cette collection consacrée à la gouvernance s’inscrit dans la tradition des autres ouvrages sur la santé à l’échelle mondiale, en considérant la mobilisation des acteurs internationaux en matière de santé comme une réponse à un problème, à des stimuli. Mais les auteurs s’ancrent aussi dans une conception moderne de la gouvernance en matière de santé : ils mettent en avant tout au long du livre les déterminants sociaux de la santé et le lien fort entre celle-ci et la richesse à la veille de la conférence interministérielle organisée en juin 2008 sur ce thème par le bureau européen de l’Organisation mondiale de la santé (oms). Les contributions à l’ouvrage sont issues de trois programmes de recherche au Royaume-Uni et au Canada, qui avaient donné lieu, en automne 2005, à des ateliers à l’Université de Waterloo. Le postulat de base de l’ouvrage s’articule autour de l’idée selon laquelle les atteintes à la santé dans le monde d’aujourd’hui s’affranchissent des frontières traditionnelles, menaçant l’ensemble de la population, et ne rencontrent qu’une résistance insuffisante, puisque le système actuel de gouvernance de la santé atteint ses limites. Les auteurs montrent donc que ce mode de gouvernance doit être amélioré, et s’attachent à définir les causes des défaillances, à analyser l’environnement mouvant dans lequel évolue la gouvernance en matière de santé et à proposer des pistes de réforme. Les auteurs distinguent trois périodes dans la collaboration internationale en matière de santé : en premier lieu, du milieu du xixe siècle au début du xxe siècle, des négociations ont été entamées, qui ont mené à une première forme, encore très libérale, de coopération ; ensuite, c’est paradoxalement pendant la période qui a connu les progrès les plus rapides de la médecine et des découvertes (jusqu’aux années 1980) que la coopération internationale en matière de santé a marqué une pause ; la troisième période qui s’est ouverte au début des années 1990 est la période actuelle, marquée par une coopération intense en la matière. C’est aussi du fait de la multiplication des acteurs impliqués que les auteurs appellent, au-delà de la coopération multilatérale, à la mise en place d’une véritable gouvernance dans le domaine de la santé. Ces acteurs nombreux ont contribué à la diffusion de deux paradigmes essentiels, qui expliquent l’importance accordée désormais à ce domaine au niveau international. D’une part, explique James Orbinski, les mouvements sociaux ont travaillé à la diffusion d’une conception de la santé basée sur la dignité humaine et l’équité. D’autre part, souligne David P. Fidler, la santé au niveau global est désormais abordée sous l’angle de la sécurité. La « sécuritisation » de son champ s’expliquerait par la peur grandissante des armes biologiques, la conscience croissante des conséquences immenses du virus vih et du sida dans les pays en développement, et la vulnérabilité de plus en plus forte de tous les pays face à l’expansion de risques pathogènes. Ainsi, entretenant un débat vif, la conception sécuritaire de la santé est venue s’intégrer aux paradigmes préexistants, basés sur des considérations économiques et sur la conception de dignité humaine. Pour autant, le travail de conceptualisation n’est pas achevé, et il reste à clarifier les relations entre santé publique et sécurité. Les auteurs soulignent ensuite que la globalisation représente à la fois des risques et des opportunités fortes en matière de santé. Dans certains cas, la distinction est difficile, et selon les pays, le tourisme de la santé peut s’avérer bénéfique ou néfaste. Une gouvernance solide est donc nécessaire pour résoudre des problèmes qui ne s’arrêtent pas aux frontières des États, pour définir les déterminants de …