Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Knudsen, Olav F. (dir.), Security Strategies, Power Disparity and Identity. The Baltic Sea Region, Aldershot, Ashgate, 2007, 226 p.[Notice]

  • Matthieu Chillaud

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  • Matthieu Chillaud
    Département de science politique
    Université de Tartu, Estonie

Ceux qui s’intéressent aux questions stratégiques en mer Baltique connaissent bien Olav F. Knudsen. Ancien universitaire de renom à la Södertörns Högskola en Suède et précédemment chercheur au Swedish Institute of International Affairs (siia), Olav F. Knudsen est certainement le meilleur spécialiste des questions stratégiques de la région. En témoignent, d’une part, ses activités de recherche fécondes au sein du siia – il y avait effectivement animé plusieurs programmes de recherche sur les problèmes de sécurité en mer Baltique – et, d’autre part, ses nombreuses publications, notamment son ouvrage de référence Stability and Security in the Baltic Sea Region. Russian, Nordic and European Aspects, certes qui date un peu (1999) mais reste essentiel pour comprendre les subtilités stratégiques dans la région. Ce nouvel ouvrage qu’il a dirigé, divisé en neuf contributions et regroupant sept auteurs, n’a malgré cela pas forcément pour ambition d’actualiser ces mêmes questions de sécurité. En fait, c’est l’ensemble de la période postguerre froide qui sert de cadre temporel à l’analyse, une fois retracées les vicissitudes qu’a connues la région depuis la fin des années 1980. L’angle d’attaque est original : les auteurs partent du postulat que le concept de sécurité coopérative dans la région de la mer Baltique est gêné par ce qu’ils qualifient de « disparité de puissance ». Il est vrai que la région rassemble des pays aux statuts les plus éclectiques, même si l’adhésion des pays Baltes en 2004 à l’ue et à l’otan a contribué à une certaine harmonisation. Pour autant, la Russie, par sa puissance et son omniprésence dans la région, constitue à elle seule une sorte d’intrus car contrairement aux autres pays de la région elle ne peut prétendre, du moins à court ou moyen terme, adhérer ni à l’otan ni à l’ue. C’est bien elle qui, en façonnant le profil stratégique des pays riverains de la mer Baltique, à l’origine de cette disparité de puissance. Le premier chapitre, An Overall Perspective on Regional Power Strategies, s’apparente à une introduction. Olav F. Knudsen y présente succinctement les différents concepts et les cadres théoriques utilisés, notamment ceux de puissance et de disparité de puissance que le même auteur explore encore plus en détail dans le chapitre 2 : Power Disparities and the Avoidance of Confrontation. En fait, Olav F. Knudsen y synthétise les fondements de ses choix théoriques, travail ô combien nécessaire lorsque l’on sait que le concept de puissance a toujours stimulé les travaux des auteurs en relations internationales. Le chapitre 3, Events and Ideas in the Region. An Overview 1980s-2000s, retrace de façon empirique les aléas stratégiques qu’a connus la région depuis la fin de la guerre froide avec un attachement particulier aux conditions dans lesquelles les trois États baltes ont réussi à mener à bien leur diplomatie atlantique et européenne. Regina Karp, dans le chapitre 4 : The Conditionality of Security Integration. Identity and Alignment Choices in Finland and Sweden, se concentre sur les conditions dans lesquelles les deux pays non-alignés ont habilement réussi à s’intégrer dans l’ue mais aussi dans une certaine mesure dans l’otan, sans pour autant complètement faire table rase de leur neutralité. Se fondant sur une logique constructiviste en articulant les concepts d’identité et de sécurité, l’auteur démontre bien que la Suède et même encore plus la Finlande ont, bon gré, mal gré, réussi à faire évoluer leur doctrine de sécurité – de la neutralité au non-alignement – de telle façon à ce qu’elle soit pleinement compatible avec leurs nouvelles orientations stratégiques. Dans le chapitre 5, Power Disparity and Epistemic Communities. …