Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Pascallon, Pierre (dir.), Quel avenir pour l’ otan ?, coll. Défense, Éditions L’Harmattan, Paris, 2007, 409 p.[Notice]

  • André Dumoulin

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  • André Dumoulin
    École royale militaire, Bruxelles, Belgique

Cet ouvrage reprend les actes du dernier des trois colloques du Club participation et progrès spécifiquement consacrés à l’otan (après celui de 1994 et de 1999). Groupe de réflexion, organisateur de plusieurs colloques sur les questions de sécurité et de défense, le club Participation et progrès présidé par Pierre Pascallon, qui bénéficie d’une forte visibilité sur la place de Paris, reste le creuset de bon nombre d’analyses pertinentes sur des sujets d’actualité. S’y côtoient divers thèmes, ballons d’essai, déclarations originales, messages officieux, introduction à de nouvelles réflexions et autres aides à la décision. Aussi, n’est-il pas étonnant que les décideurs ou les relais d’opinion soient souvent présents à titre de contributeurs ou d’auditeurs. Le présent livre ne fait pas exception avec, entre autres, les contributions du général Franck Hye, de Thierry Garcin, d’Edgar Buckley ou de Charles Zorgbibe, qui représentent les milieux académiques, scientifiques, militaires, journalistiques, diplomatiques ou industriels. Autant de lectures sur un même sujet pour une vision plurielle et pluraliste. L’ouvrage est structuré en deux parties. La première développe les nouvelles orientations de l’otan depuis les changements géostratégiques de 1989-1991. La seconde trace les possibles évolutions pour l’otan de demain. Les interrogations sur son avenir foisonnent du fait que l’otan de l’après-guerre froide a subi bien des critiques et que la situation autour du sommet de Riga a fait émerger bon nombre de questions complexes, institutionnelles, structurelles et même « philosophico-politiques », toutes aussi controversées les unes les autres. Entre les notions d’une otan tour à tour ou à la fois boîte à outils, obstacle à l’Europe de la défense, alliance obsolète, organisation transatlantique engagée hors zone et qui se donne pour but d’assumer aussi des missions humanitaires et civilo-militaires à l’instar de la pesd de l’ue, les analyses ne pouvaient qu’être riches et nombreuses. Organisation adaptative engagée dans la transformation, l’otan reste une organisation irremplaçable à échéance prévisible bien qu’elle soit souvent critiquée et malmenée. L’otan avant la chute du mur était un outil de puissance (coalition), un outil intégrateur par normativité et isomorphisme stratégique et technologique, mais aussi un outil de dissuasion classique et nucléaire. Elle devint « alliance unique » à la fin de la guerre froide et chercha à garder sa pertinence devant la volonté des États-Unis, le souhait de la majorité des Européens et la fascination rassurante des peco. L’otan chercha à démontrer sa crédibilité et justifier sa survie par l’entremise d’une série de réformes de structures (commandements, forces, doctrines, quartiers généraux, gfim), dans une politique de partenariat et d’adhésion des anciens adversaires (via le ccna/cpea et le pfd) tout en construisant une relation spécifique avec la Russie dès 1995. L’otan devint en quelque sorte le bras séculier de l’onu (et parfois le substitut) et de la csce (osce), tout en abolissant les vieilles distinctions entre la « zone otan » et les opérations « hors zone », entre la notion « défense article v » et l’ouverture à la « sécurité collective », pour devenir également en fin de compte une organisation de lutte contre le terrorisme à la suite des événements du 11 septembre 2001. Ces thèmes sont explorés par différents auteurs qui présentent ici des études de cas et des sujets spécifiques (budgets de l’otan ; guerres aériennes de l’otan en ex-Yougoslavie ; la transformation ; la pratique de l’otan par les forces françaises en opération), là des analyses et des mises en perspective (les domaines non militaires de l’otan ; une otan « réaméricanisée » ? ; …