Comptes rendus : Régionalisme et régions - Afrique

Patterson, Amy S., The Politics of aids in Africa, Boulder, co, Lynne Rienner, 2006, 226 p.[Notice]

  • André Joyal

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  • André Joyal
    Département des sciences de la gestion et de l’économie, Université du Québec à Trois-Rivières

En lisant le titre de cet ouvrage, le lecteur devra tenir compte du « s » à la fin du mot aids. L’ouvrage ne se rapporte pas à l’aide accordée au développement de l’Afrique en général, mais bien aux efforts déployés contre le syndrome d’immunodéficience acquise (sida). L’auteure vise, en effet, à démontrer l’importance cruciale de la politique dans la recherche d’une solution à la pandémie causée par le virus de l’immunodéficience humaine (vih) en Afrique subsaharienne. À cet objectif s’ajoute celui d’expliquer comment la compréhension des programmes mis en avant pour combattre ce fléau est liée à la représentation que l’on se fait du pouvoir et des institutions politiques en Afrique. Il est important d’avoir à l’esprit qu’il n’existe pas une explication particulière permettant de comprendre les raisons du succès et des échecs dans l’un ou l’autre des pays concernés. L’auteure, professeure associée en sciences politiques au Calvin College (l’éditeur n’a pas jugé utile de préciser que ce collège se trouve à Grand Rapids au Michigan), insiste sur le fait que chaque pays a ses caractéristiques et qu’il importe de prendre en compte quatre éléments particuliers : le néopatrimonialisme, le degré de centralisation, les relations entre la société civile et l’État ainsi que l’expérience acquise auprès d’organismes étrangers. L’origine de cet ouvrage remonte à quelques années, au moment où Amy S. Patterson donnait un cours sur le sujet. L’accumulation d’informations et l’apport de certains étudiants particulièrement doués et dévoués lui ont facilité l’accumulation d’un imposant matériel permettant une couverture exhaustive des multiples facettes que présente la problématique du sida sur l’ensemble du continent. L’originalité de l’ouvrage réside dans la mise en évidence du rôle exercé par quatre variables : l’État, la transition vers la démocratisation de la société, la société civile et les donateurs. Dans chacun des six chapitres, une attention particulière porte sur ce qui est ici désigné comme étant l’« institutionnalisation » des politiques entourant le sida. Le premier chapitre, « Why Study the Politics of aids ? », contient un tableau qui montre la grande dispersion des taux du vih enregistrés en 2003. En effet, on observe des taux de seulement 0,8 % au Sénégal, de 1,7 % à Madagascar et de 1,9 % au Bénin, alors que le Lesotho, la Namibie, le Swaziland et le Zimbabwe ont respectivement des taux de 29 %, 21 %, 39 % et 25 %. Paraphrasant le fabuliste, on peut dire de ce mal qui répand la terreur que, si tous en sont atteints, ils ne le sont de toute évidence pas au même degré. Et l’auteure, sans penser aux animaux malades de la peste, juge nécessaire de préciser que tous les peuples ne meurent pas du sida… C’est dans ce chapitre que sont pris en compte les fameux programmes d’ajustements structurels qui ont obligé la plupart des pays à couper de façon draconienne dans les dépenses liées à leurs programmes d’assistance publique. Le chapitre « The African State and the aids Pandemic » s’appuie sur quatre études de cas : le Zimbabwe, l’Ouganda, le Swaziland et l’Afrique du Sud. L’objectif est de démontrer, dans chacun des cas, la portée des efforts déployés pour enrayer le mal ou pour faire face à ses conséquences. Si l’importance des moyens dont dispose l’Afrique du Sud joue un rôle significatif, on apprend que la faiblesse de ceux qui sont déployés par le pouvoir central en Ouganda ne constitue pas une entrave à l’efficacité de certaines initiatives mises en oeuvre. À la faveur de nombreux exemples, le lecteur constate que les programmes mis en oeuvre ici …