Comptes rendus : Régionalisme et régions - Amériques

Nossal, Kim Richard, Stéphane Roussel et Stéphane PaquinPolitique internationale et défense au Canada et au Québec, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2007, 646 p.[Notice]

  • Kathia Légaré

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  • Kathia Légaré
    Département de science politique, Université Laval, Québec

Le contenu de l’ouvrage Politique internationale et défense au Canada et au Québec n’est pas entièrement original; il est en fait la traduction française d’un ouvrage rédigé par Kim Richard Nossal et plusieurs fois réédité. Cet ouvrage propose cependant une mise à jour du contenu et une adaptation des références et des informations au lectorat québécois. Les auteurs cherchent ainsi à compenser le manque d’ouvrages de langue française visant à expliquer de façon systématique les grandes orientations de la politique internationale et de la défense canadienne. Le sujet est divisé en trois grandes parties distinctes : la première partie est consacrée à l’approfondissement du cadre d’analyse et se concentre sur l’étude du contexte et des déterminants internes et externes, alors que la seconde est plutôt historico-descriptive et traite des acteurs et des processus. La troisième section traite d’une question reliée, soit l’étude des répercussions du fédéralisme sur la politique étrangère et le développement de voies internationales subétatiques, en particulier de la paradiplomatie identitaire québécoise. Ainsi, l’ouvrage situe son objet d’étude à la jonction de trois sphères : internationale, nationale et gouvernementale. S’il concentre l’analyse sur l’acteur étatique, une limite commandée par la délimitation du sujet, l’ouvrage « ouvre la boîte noire de l’État » et dissèque les composantes de la politique étrangère. Sur le plan théorique, les auteurs ne se restreignent pas à un cadre conceptuel étroit, mais puisent à diverses sources théoriques, en particulier libérale et réaliste, tout en prenant en considération les variables identitaires et de culture politique. Par conséquent, la perspective de l’ouvrage dans son ensemble est « à la frontière entre deux modes d’analyse, […] l’explication […] et l’interprétation […] », et prend en considération à la fois les facteurs matériels et les facteurs idéels. Cette relative « liberté théorique » autorise une exploration approfondie des constantes et des changements de la politique canadienne depuis la fondation du pays. La première partie de l’ouvrage se penche sur les facteurs n’offrant que peu de prise aux gouvernements, mais qui influencent considérablement le processus de prise de décision, en l’occurrence les déterminants liés à la géographie, à la structure économique, à la dynamique internationale ainsi qu’aux moyens et aux ressources nationales. Ainsi, si le contexte international s’est transformé considérablement depuis 1867 et que des personnages aux idées contrastantes ont occupé le poste de premier ministre, le « poids de l’histoire et de l’identité » a limité considérablement leur marge de manoeuvre, d’où notamment les continuités importantes quant à la relation « teintée d’ambivalence » du Canada avec son partenaire privilégié (le Royaume-Uni, puis les États-Unis), le manque de volonté canadienne à investir des sommes importantes dans l’appareil de défense et la préoccupation du pays par rapport au commerce international. Ces éléments structurent donc les objectifs de politique étrangère et agissent sur les stratégies visant à les atteindre, mais ils n’expliquent pas la capacité du gouvernement en place à atteindre ses buts. L’ouvrage propose une nouvelle manière d’évaluer l’influence canadienne dans le monde qui met l’accent sur le caractère relationnel de la puissance. S’il existe diverses façons d’exercer la puissance (persuasion, incitations, coercition, sanctions, recours à la force), l’éventail des possibilités à la disposition du gouvernement canadien est restreint considérablement « par le manque de moyens, le manque de volonté, l’identité du principal partenaire du Canada (les États-Unis), ainsi que la nature des objectifs internationaux » poursuivis par le pays. Par conséquent, c’est par la persuasion que l’influence canadienne s’est exercée dans le monde, d’où l’importance accrue d’un service extérieur qualifié. Le troisième chapitre explore les déterminants internes de la politique étrangère ; il cherche plus spécifiquement à comprendre …