Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Stephen M. Streeter, John C. Weaver et William D. Coleman (dir.), 2009, Empires and Autonomy. Moments in the History of Globalization, coll. Globalization + autonomy, Vancouver, ubc Press, 380 p.[Notice]

  • Frédérick Guillaume Dufour

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  • Frédérick Guillaume Dufour
    Département de sociologie, Université du Québec à Montréal

Cet ouvrage collectif est extrêmement bien fait. On n’y retrouve pas l’habituel amalgame de textes colligés en vitesse à la suite d’un colloque pour garnir un dossier de publications. Empires and Autonomy réunit plutôt un ensemble de contributions bien dirigées, des interventions originales et rassemblées rigoureusement autour d’une dimension précise de l’histoire de la globalisation. Plus précisément, les auteurs ont reçu pour consigne d’explorer le thème de la tension entre les processus constitutifs de la globalisation et ceux permettant la consolidation de zones d’autonomie individuelles et collectives. S’inscrivant souvent dans le sillon de l’histoire globale, mais travaillant à partir de différentes perspectives théoriques, ces contributions forcent le lecteur à se pencher sur les impacts qu’ont pu avoir une variété d’événements dans la constitution de différents ordres mondiaux. D’emblée, il est important de préciser qu’il s’agit d’un ouvrage d’historiens principalement. Les politologues et sociologues des relations internationales n’y retrouveront donc pas le traditionnel positionnement disciplinaire par rapport aux différentes vagues de réalismes, de sociologies historiques ou de constructivismes qui tapissent la discipline des relations internationales, positionnement qui est de rigueur dans leur champ. Toutefois, ils y trouveront certainement du matériel empirique avec lequel mettre ces horizons théoriques en dialogue. Le projet théorique de cet ouvrage est d’historiciser la globalisation à travers des concepts sociohistoriques de nature à définir les spécificités structurelles de l’ère globale contemporaine en distinguant notamment les processus de globalisation, d’internationalisation et de prédation impériale. L’ouvrage s’inscrit dans le cadre d’une vaste série de recherches interdisciplinaires publiées sous la direction de William Coleman et différents collaborateurs, sous le thème de la globalisation et de l’autonomie. Il s’agit du huitième ouvrage paru dans cette collection aux Presses de l’Université de Colombie-Britannique. Aux fins de cet ouvrage, les contributeurs ont reçu quatre consignes générales : mettre les disciplines en dialogue autour de questions de recherche portant sur la globalisation et l’autonomie ; explorer les limites de leur discipline en intégrant des disciplines voisines ; intégrer un pluralisme méthodologique et pratiquer un pluralisme théorique. Ces consignes, ou contraintes, orientent les contributions plus autour du thème de l’ouvrage, la place des empires dans une réflexion sur la globalisation et l’autonomie, que vers des enjeux théoriques. La nature collective et pluri-théorique de l’ouvrage fait effectivement en sorte que le traitement de certaines dimensions conceptuelles est laissé à la discrétion des chercheurs. On ne précise pas, par exemple, quels seraient les mérites respectifs de différentes approches théoriques du phénomène impérial, et c’est avec une certaine distance que sont abordés les débats théoriques sur la relation entre globalisation et empire. Les contributions de Samir Saul, une comparaison des flux de capitaux entre les 19e et 20siècles, et d’Ulf Hedetoft, sur l’origine sociale et institutionnelle du virage global de l’empire américain, sont d’importantes exceptions à cet égard. L’objectif de la démarche collective entreprise dans cet ouvrage est d’analyser la relation entre la globalisation, les « contraintes » qu’elle fait peser sur les acteurs individuels et collectifs, et les « opportunités » qu’elle crée pour ceux-ci dans la recherche de zones d’autonomie où ils sont investis d’un empowerment individuel ou collectif. Une convergence entre les contributions s’effectue à trois égards : d’abord sur le fait que « la globalisation et l’autonomie ont de profondes racines sociohistoriques » ; puis sur le fait que « la relation entre globalisation et autonomie est liée à une série de changements importants dans la location du pouvoir et de l’autorité ». Enfin, les contributions convergent vers la thèse selon laquelle « la dynamique entre globalisation et autonomie joue un rôle dans la construction et la reconstruction d’identités ». L’autonomie …