Section thématique

Les Études internationales et les défis de l’interdisciplinarité[Notice]

  • Érick Duchesne et
  • Félix Grenier

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  • Érick Duchesne
    Professeur titulaire, Département de science politique, Pavillon Charles-De Koninck, 1130, avenue des Sciences-Humaines, Université Laval, Québec (Québec) G1V 0A6, Canada
    erick.duchesne@pol.ulaval.ca

  • Félix Grenier
    Chercheur associé, Institut de hautes études internationales et du développement, Case postale 136, 1211 Genève 21, Suisse
    Fgren027@uottawa.ca

Au cours des deux dernières décennies, un nombre croissant d’institutions vouées à l’enseignement supérieur et à la recherche en Études internationales sont apparues en Amérique du Nord, en Europe et ailleurs. Cette évolution indique diverses continuités et discontinuités dans l’étude des phénomènes internationaux. Notamment, le passage des « Relations » vers les « Études » internationales est porteur de promesses vers l’intégration graduelle de perspectives disciplinaires connexes, auparavant considérées en vase clos. En comparaison avec le champ des Relations internationales – traditionnellement associé à la science politique en Amérique du Nord – la diversité disciplinaire des Études internationales est par exemple suggérée par la définition récente de Patrick T. Jackson. Celui-ci propose ainsi que l’objet des Études internationales est « tout ce qui implique des rencontres et des confrontations transfrontalières avec la différence » ([nous traduisons] 2015 : 945). Cette définition large dépasse ainsi le cadre des interactions politiques et étatiques, qui caractérise particulièrement les Relations internationales en Amérique du Nord, mais aussi ailleurs. Toutefois, l’accélération du développement et le processus intégrateur qu’opèrent les Études internationales, au cours des vingt dernières années, rendent de plus en plus nécessaire un examen approfondi de l’organisation de ce champ d'étude et de recherche. Par-delà les « soucis de l’identité [et] de la différence » qui caractérisent les disciplines universitaires (Michel 2012 : 86), il apparaît particulièrement important de mieux comprendre quels sont les objets d’études, les questions et les approches partagées en Études internationales. Il est aussi pertinent de se demander jusqu’où ira (ou peut aller) ce processus d’intégration interdisciplinaire et dans quelle mesure cette intégration marque une césure avec des contextes disciplinaires plus « traditionnels » comme celui des Relations internationales. De manière encore plus pratique, on peut aussi se questionner sur les défis épistémologiques, ontologiques et organisationnels associés à ce parcours intégrateur. Ce numéro thématique a donc pour objectif de partager réflexions, expériences et pistes d’avenir sur ces questions et, plus largement, de fournir un outillage conceptuel renouvelé afin de mieux comprendre le développement récent et l’organisation des Études internationales. Parallèlement à ces questionnements essentiels, ce numéro thématique s’insère aussi dans un contexte institutionnel particulier pour la revue Études internationales. En effet, l’année 2014 était l’occasion de souligner le 20e anniversaire de la fondation de l’Institut québécois des hautes études internationales (HEI) à l’Université Laval, qui entretient un lien organique avec la revue. Ce contexte institutionnel représentait un moment privilégié pour réfléchir au passé, au présent et au futur des Études internationales au Québec, dans l’espace francophone et au-delà. En mars 2015 se tenait d’ailleurs le colloque « Les Études internationales et les défis de l’interdisciplinarité » à l’Université Laval, qui avait pour objectif d’amorcer les échanges sur les enjeux sociologiques, politiques et épistémologiques associés au développement récent et à l’organisation des Études internationales. Ce colloque s’arrimait autour de quatre axes particuliers de réflexion, c’est-à-dire l’évolution historique des Études internationales, les problèmes d’intégration épistémologique de divers champs d'étude et de recherche, la conception des Études internationales francophones, et la pertinence sociale de ce champ. Ces quatre axes ont entre autres été abordés durant une table ronde avec cinq hauts responsables d’écoles et d’instituts canadiens oeuvrant en Études internationales ou dans un champ connexe. Cette table ronde a permis de discuter et de comparer les enjeux existants, les stratégies développées et les pratiques adoptées dans la majorité des institutions oeuvrant pour l’enseignement supérieur et la recherche en Études internationales au Canada. Au-delà de la diversité des stratégies organisationnelles et éducatives, cette table ronde a illustré l’importance des défis associés à l’interdisciplinarité en Études internationales. Plus particulièrement, tous les participants à cette …

Parties annexes