Comptes rendus

Jaccard, Mark, 2006. Sustainable Fossil Fuels. The Unusual Suspect in the Quest for Clean and Enduring Energy. Cambridge University Press, New York, 381 p., 23,0 x 15,5 cm, 24,99 $ US, ISBN 0-521-67979-6 (couverture souple)[Notice]

  • Pierre André

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  • Pierre André
    Université de Montréal

Les combustibles fossiles font abondamment parler d’eux par les temps qui courent. Les discours concernent l’avenir des sources traditionnelles d’énergie, leur contribution à l’émission mondiale de gaz à effet de serre et les fluctuations du prix du carburant. D’aucuns s’interrogent sur l’éventuelle fin des combustibles fossiles comme source de production d’énergie. Mais à quel point cette vision de la fin à court terme du pétrole est-elle réaliste ? Quelle sera la part des combustibles fossiles dans la production énergétique des 100 prochaines années ? Ce sont ces questions qu’aborde Mark Jaccard dans cet ouvrage de neuf chapitres. L’auteur, professeur de la School of Resource and Environmental Management à l’Université Simon Fraser, nous livre une réflexion fort éclairante sur ce qu’est un système énergétique durable. Son analyse critique repose sur plus de vingt ans passés à se questionner sur les rapports entre énergie, environnement et économie durant lesquels il fut professeur, conseiller politique ou président d’une agence régulatrice de l’énergie. L’auteur définit (chapitre 1) la durabilité énergétique comme un système qui répond à long terme à l’approvisionnement de types et de niveaux de services en énergie et dont les différentes phases des projets, depuis l’extraction jusqu’à la consommation, ont des effets bénins sur les individus et les écosystèmes. Il juge le système énergétique actuel non soutenable et décrit des options pour le rendre meilleur. L’auteur explore les scénarios de demande en énergie pour le prochain siècle et quelques incidences environnementales des choix qui se posent à nous (chapitre 2). Les scénarios de croissance de la demande se fondent sur les projections reconnues de croissance de la population mondiale, sur l’évolution attendue du produit mondial brut, ainsi que sur les perspectives de développement des formes d’énergie et de l’efficience de leur utilisation. L’auteur estime que d’ici à 2100 nous assisterons à une amélioration de l’efficacité économique de l’énergie. Pour lui, la part tenue par les combustibles fossiles dans l’assiette énergétique régressera d’ici là de 84 % à 66 %. Pour évaluer les incidences de cette évolution, il propose d’aborder trois indicateurs : la qualité de l’air intérieur, la qualité de l’air en milieu urbain et les émissions de gaz à effet de serre. Il reconnaît que ces scénarios, organisés selon le cheminement courant de l’énergie, sont insoutenables. Devant ce constat, l’auteur explore diverses pistes pour une énergie plus propre (chapitre 3). Il discute des formes d’énergie secondaire que sont les hydrocarbures produits par les combustibles fossiles, ainsi que l’hydrogène et l’électricité qui requièrent tous deux une production à partir d’énergie primaire. L’efficacité énergétique est aussi prise en compte. Jaccard explore les avantages, les limites et les préoccupations des formes d’énergie secondaire dans un souci de faisabilité. Il suggère une redistribution des formes d’énergie secondaire où les hydrocarbures, l’électricité et l’hydrogène s’accapareraient chacun 30 % de l’assiette énergétique. Lorsque l’on pense à une amélioration du système énergétique, les premiers éléments qui nous viennent à l’esprit, selon l’auteur, sont l’efficacité énergétique, le nucléaire et les énergies renouvelables (chapitre 4). Il estime les perspectives d’amélioration de l’efficacité énergétique très élevées tout en étant une source de frustration, car les questions de niveau qu’il est possible d’atteindre et des conséquences sur la consommation sont des plus complexes. Il y a aussi les coûts associés aux développements technologiques requis et à la mise en place des mesures. Le nucléaire est confronté à des coûts et à des risques d’investissement plus hauts qu’anticipés, à des préoccupations du public et des gouvernements au regard de technologies associées au risque de prolifération de l’armement nucléaire, de la perception de vulnérabilité des installations en cas d’attaques terroristes, ainsi que des préoccupations …