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Cette synthèse d’histoire de la Nouvelle-France constitue une réédition du manuel publié chez Bélin (et coédité par les PUL) en 1991, mais agrémentée de nombreuses illustrations. Dans trois parties, J. Mathieu retrace les principaux événements et décrit l’évolution socio-économique de la colonie canadienne depuis le xvie siècle jusqu’à la fin du Régime français. La première section traite des tâtonnements du xvie siècle. La seconde partie traite des fondements de la colonie au xviie siècle avec des chapitres consacrés à la géographie, à la démographie, à la politique et aux institutions et, enfin, à la civilisation matérielle. Ce schéma est repris dans la troisième partie traitant du xviiie siècle. L’auteur réussit à éviter les répétitions et donne une vision cohérente de la colonisation. Toutefois, si l’auteur consacre quelques lignes aux régions périphériques que sont l’Acadie, Terre-Neuve, les Pays d’en haut, l’Illinois et la Louisiane, c’est la vallée laurentienne qui demeure au coeur de sa Nouvelle-France. Aussi, les Amérindiens — toujours majoritaires sur l’immense territoire de la Nouvelle-France — sont-ils relativement négligés après le xvie siècle. Mais c’est là un défaut des manuels, à l’exception de ceux qui sont consacrés spécifiquement aux Amérindiens.

Si cette édition a éliminé les caractères gras qui donnaient à la première une allure un peu trop scolaire, elle a conservé les notices et la reproduction de documents dans les marges. Je demeure sceptique sur la valeur pédagogique de très courts extraits de documents qui ne sont ni commentés ni mis en contexte, pensant qu’il serait préférable d’avoir des extraits plus longs et commentés mais moins nombreux. Les notices marginales sont généralement utiles pour l’étudiant mais parfois déroutantes et comportant des omissions. Par exemple, à la page 26 dans un chapitre traitant du xvie siècle américain, les notices nous présentent Cartier, Champlain, La Vérendrye et Jean Alphonse dans cet ordre. Et La Vérendrye est présenté comme commerçant bien qu’il fût avant tout officier militaire. L’inattention aux détails — l’auteur fait arriver Colomb en Amérique centrale (p. 29) au lieu des Bahamas — finit par agacer. Les index de noms et de lieux ne sont pas particulièrement utiles et sont incomplets (Gaultier de la Vérendrye n’y figure pas, par exemple). En dépit d’une production historiographique certaine depuis dix ans, la bibliographie n’a pas été retouchée depuis l’édition de 1991. Ce sont les illustrations qui constituent la principale nouveauté de cette édition. Certaines sont pertinentes mais d’autres n’ajoutent rien. Par exemple, aux pages 86-87, il se trouve deux dessins du xxe siècle illustrant des Amérindiens qui examinent des couvertures ; l’une ou l’autre aurait été largement suffisante. Par ailleurs, plusieurs illustrations, notamment des cartes, sont trop petites pour servir la pédagogie et d’autres sont peu claires. Moins d’illustrations mais plus d’attention à la pertinence et à la qualité de la reproduction serait préférable. Bref, si vous possédez la première édition, il n’y a nul besoin de se procurer la seconde. Sinon, ce livre peut vous servir d’introduction à l’histoire du Régime français canadien.