Visages de l’altérité

Avant-propos[Notice]

  • Jean-Marie Fecteau

…plus d’informations

  • Jean-Marie Fecteau
    Département d’histoire
    Université du Québec à Montréal

Les deux textes que l’on va lire sont issus d’un atelier présenté au Congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française tenu à Chicoutimi en octobre 2004. Cet atelier, constitué à la demande aussi gentille qu’insistante de ma collègue Cylvie Claveau, présidente du congrès, s’intitulait : « Visage de l’altérité : l’Autre comme frontière et comme concept opératoire dans les sciences sociales ». Il s’agit, on le comprendra, de textes de réflexion, dont la rigueur est à mesurer non pas à l’aune de la connaissance empirique des choses, mais à celle de la nécessité de penser théoriquement notre rapport à ce qui n’est pas «nous». Or il s’avère que, le hasard faisant bien les choses, mon collègue Thierry Hentsh et moi-même avons choisi, sans concertation préalable, deux stratégies radicalement différentes d’appréhension de cet « Autre » si élusif. L’Autre de Thierry est ce « mur » qui non seulement nous confronte dans sa différence, mais témoigne de notre aveuglement à nous-mêmes. Regard synchronique, certes fondé dans et par l’histoire, mais dont la complexité et la richesse s’expriment dans l’immédiat de la question de ce que nous sommes, fondamentalement. L’Autre que j’envisage est plutôt effet de la diachronie, comme une ruse du temps créateur de révolu, qui fait du passé (et de l’avenir) un «Autre» dont la différence est tout à la fois irrémédiable et objet d’appréhension nécessaire. Depuis que ces textes ont été produits, mon collègue Thierry Hentsch est disparu, des suites d’une courte mais foudroyante maladie. Son texte est donc l’un de ses derniers. Je voudrais simplement exprimer toute la peine ressentie par la disparition de cet intellectuel brillant et amical, mon voisin, que je n’ai connu que trop tard, à Chicoutimi, justement lors de ce colloque. Je voudrais aussi dire combien je partage, avec lui, cette foi profonde et vibrante qui nous réunit dans la création d’un savoir qui puisse constituer, comme il l’exprime dans son texte, « cette part la plus vivante de la science qui vraiment interroge ».

Parties annexes