Notes bibliographiques

CLAVETTE, Suzanne, prés., La condition ouvrière au regard de la doctrine sociale de l’Église (Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. « Histoire sociale – Documents », 2007), 95 p.[Notice]

  • Xavier Gélinas

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  • Xavier Gélinas
    Division d’archéologie et d’histoire, Musée canadien des civilisations

Deux réflexions naissent de la Présentation et d’une comparaison des deux versions. Primo : la seconde représente-t-elle un recul au point d’en devenir bénigne, irénique ? Telle ne fut pas l’opinion des contemporains, en tout cas, qui la propulsèrent au statut de best-seller. Le document de 1950, indéniablement moralisateur, constate quand même l’insécurité économique et sociale de maints travailleurs, la répartition inéquitable de la richesse, l’insalubrité et l’exiguïté des logements, la déresponsabilisation et l’abrutissement du travail à la chaîne, l’hygiène insuffisante, les entraves à l’exercice du syndicalisme, la nouvelle réalité industrielle et urbaine… Secundo : quel bien réel aurait résulté de la publication non altérée de La condition ouvrière, avec sa doctrine cogestionnaire encore neuve et peu intégrée au corpus et aux us de l’Église ? Peut-être valait-il mieux, hic et nunc, proposer une version adoucie, mais qui parvint vaille que vaille à obtenir l’aval de l’épiscopat, fut une source de secret espoir chez les catholiques pro-travailleurs des années 1950 (marquées par un ressac en matière sociale et ouvrière par l’establishment clérical) et se fraya un chemin jusque dans l’encyclique Pacem in terris de Jean XXIII. Par-delà les interrogations et nuances, remercions l’auteure de rouvrir, par cette publication et d’autres récentes (comme L’affaire silicose ou Les dessous d’Asbestos), le dossier de cet après-guerre où le social et le religieux se redéfinissaient non sans heurts.