Recensions

Juan Maria Laboa, Atlas historique de l’Église à travers les conciles. Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 2008, 238 p.[Notice]

  • Gilles Routhier

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  • Gilles Routhier
    Université Laval, Québec

C’est à travers les conciles que J.M. Laboa se propose, dans cet Atlas historique, de présenter l’histoire du christianisme. Cette option originale et risquée (après tout, on pourrait arguer que l’Église romaine ne compte que 21 conciles oecuméniques ou généraux), nous apparaît toutefois foncièrement juste tant le fait conciliaire appartient à la nature même de l’Église comme le rappelait le P. Congar. C’est donc le fait conciliaire, plus que les conciles oecuméniques eux-mêmes — le fait de venir en assemblée afin de parvenir, à travers une délibération commune, à un consensus en matière de foi et de discipline —, qui fait l’objet de cet Atlas dont le propos déborde largement les conciles oecuméniques et s’étend au-delà des frontières de l’Église catholique pour aborder les synodes confessants luthériens, les synodes et conciles de l’Église orthodoxe et les conférences de Lambeth. C’est cette manière proprement chrétienne d’exercer le gouvernement, de surmonter les divisions et les conflits, à travers laquelle s’expriment le caractère synodal de l’Église et sa nature conciliaire, qui est ici mise en valeur. L’ouvrage, qui rassemble des phénomènes divers par leur ampleur et leur statut canonique (conciles ou synodes oecuméniques ou généraux, provinciaux, nationaux, synodes romains des évêques, etc.) veut donc réunir ces différents phénomènes par le fait que tous se proposent, dans le cadre d’une assemblée (la plupart du temps une assemblée d’évêques), de protéger et de nourrir la communion ecclésiale (chapitre 1), sans cesse mise sous tension, et proclamer l’Évangile au monde. Le rassemblement de ces divers phénomènes ne met pas simplement en valeur la nature conciliaire de l’Église — articulée à la forme primatiale de l’exercice du gouvernement ecclésial — mais fait également apparaître la continuité de cette figure ecclésiale qui déborde la tenue des conciles oecuméniques et subsiste même au cours des périodes de disette à ce chapitre. Ainsi, la longue traversée historique sans concile oecuménique qui va de Trente à Vatican I (près de 400 ans) n’en est pas moins marquée d’une activité synodale et conciliaire importante. Ce parcours d’histoire de l’Église est réalisé en 47 tableaux, si je puis dire, correspondant à autant de chapitres. La trame du volume suit la chronologie, si l’on excepte le chapitre 1 sur la communion comme lien ecclésial et les chapitres 40, 44 et 46 qui sont davantage thématiques et portent sur l’activité synodale et conciliaire des Églises luthériennes, orthodoxes et anglicanes. Quant au chapitre 47, consacré à la rencontre d’Assise de 1986, il s’écarte du genre « assemblée conciliaire » qui caractérise l’ensemble des chapitres. Chacun de ces chapitres forme une unité bien construite et, si l’iconographie est très riche et de grande qualité, on reste un peu sur sa faim au niveau de la cartographie qui n’arrive pas à égaler ce que l’on trouve actuellement dans les divers atlas historiques qui se publient. C’est du reste la dimension proprement spatiale qui est la moins bien approfondie dans cet ensemble qui honore beaucoup plus la dimension historique. Toujours sur le plan spatial, si l’on fait largement droit à l’Europe, à l’Amérique du Nord (moins le Canada) et à l’Amérique du Sud, on ignore pratiquement l’Afrique, si ce n’est l’Afrique du Nord avec les conciles africains du troisième siècle, et l’Asie, sauf pour l’activité synodale de l’Antiquité. En ce qui a trait à la période moderne, alors que l’on fait abondamment référence aux diverses assemblées du CELAM (deux chapitres leur sont consacrés, les chapitres 42 et 43), on ne dit pas un mot sur les activités des regroupements des conférences épiscopales de l’Afrique et de l’Asie, le SCEAM (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar) et la …

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