Comptes rendus

Lépinette, B. y A. Melero (eds.) (2003) : Historia de la traducción, Valencia, Quaderns de Filología, Estudis Lingüístics VIII, Universitat de València, 311 p. [Notice]

  • Georges L. Bastin

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  • Georges L. Bastin
    Université de Montréal, Montréal, Canada

L’Espagne, on l’a appris au cours des dernières années, est sans doute le pays dont la production historiographique en traductologie est la plus abondante au monde. Il convient dès lors de scruter chacune de ces nouvelles publications pour y trouver ce qui la distingue des précédentes. Les études de cas peuvent évidemment être multipliées à satiété et remplir les rayons d’une bibliothèque. Les chercheurs et les amateurs trouvent dans celles-ci le matériau qui permet de dépasser le travail purement descriptif – combien difficile et nécessaire. C’est ainsi que l’on commence à voir de plus en plus de travaux dépassant l’étape purement archéologique pour donner des explications, voire des interprétations, du rôle de la traduction et des traducteurs dans l’histoire. Brigitte Lépinette, auteure de l’une des très rares études méthodologiques, et Antonio Melero, prix national de traduction en 1997, tous deux professeurs à l’Université de Valencia, offrent dans ce volume une variété d’articles qui reflètent diverses facettes de la recherche historique en traductologie. D’où vraisemblablement la simplicité du titre du recueil : Historia de la traducción, sans plus. Dans les faits, il s’agit de douze articles consacrés à l’analyse de textes traduits en espagnol, durant la période allant de la Renaissance au xixe siècle, d’une langue européenne occidentale et, dans un cas, des langues latine, grecque, perse et arabe. Avant de détailler ces études, il convient d’en souligner le fil conducteur non explicitement avoué : la méthodologie de la recherche en historiographie de la traduction. Les auteurs affirment d’ailleurs dans leur présentation : « L’historiographie traductologique en tant que telle n’a suscité qu’un nombre très réduit de réflexions méthodologiques » et « n’est pas le résultat de l’apparition d’un texte fondateur de la discipline qui aurait situé cette branche de l’histoire dans l’ensemble des sciences connexes » (p. xi, notre traduction). C’est pourquoi Lépinette reprend, dans cette présentation, une partie de sa caractérisation des objets et des méthodes en historiographie traductologique. Si elle reprend sa réflexion c’est pour l’étayer de ses observations ultérieures et surtout pour l’illustrer par des exemples éloquents sur lesquels nous reviendrons. Son but : poser les conditions du travail de recherche en histoire de la traduction. Rappelons que Lépinette distingue deux modèles de base « soit le modèle sociologique-culturel et le modèle historique-descriptif ». Le premier « prend en compte le contexte social et culturel […] d’un phénomène (en l’occurrence la traduction) au moment de sa production et à celui de sa réception » (p. 101). L’objet de ce premier modèle est le péritexte, à savoir « tous les événements et phénomènes qui accompagnent la production d’un texte ou ensemble de textes traduits et son apparition dans un contexte socio-culturel récepteur qui détermine les caractéristiques de la traduction et permettra d’expliquer son influence » (p. 101). Le second, historique-descriptif, se subdivise en deux sous-modèles, descriptif-comparatif et descriptif-contrastif, chacun avec ses objets et ses techniques d’analyse propres. Le descriptif-comparatif traite les métatextes traductologiques pour analyser les concepts métatraductologiques. Il portera notamment sur l’évolution d’un même concept métatraductologique dans divers textes d’époques différentes ou sur l’ensemble des concepts métatraductologiques d’un même texte. Le descriptif-contrastif « se fonde sur les options choisies par les traducteurs d’un texte cible ou sur une série de textes cibles correspondant à un même texte source » (p. 103). « Pour réaliser une telle description, le chercheur adopte une approche globale, textuelle, qui envisage le texte original comme un tout comparé au(x) texte(s) cible(s) à un niveau macro ou microtraductologique. Il peut aussi suivre une approche sélective, linguistique, qui le fera sélectionner un élément important du texte original pour …

Parties annexes