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Après avoir été longtemps délaissé par la recherche linguistique, le nom propre est devenu un sujet à la mode depuis une vingtaine d’années, principalement en Allemagne et dans le domaine francophone car les travaux dans les autres pays sont encore rares. Les ouvrages et les numéros spéciaux de revues se sont succédé mais, bien qu’ils soient généralement de très bonne qualité, ces travaux ont négligé certaines dimensions essentielles de la question des noms propres. La plupart des ouvrages ne traitent que les anthroponymes et les toponymes alors que la classe des noms propres est particulièrement large puisque l’on peut y inclure des noms aussi opposés que ceux de l’astronomie ou ceux de fichiers informatiques.

Prendre en compte cette diversité, c’est tout d’abord avoir un regard différent sur le caractère descriptif du nom propre (si M. Boucher n’exerce pas obligatoirement la profession de boucher, l’EDF est une entreprise qui produit en premier lieu de l’électricité en France) et, ensuite, sur la traduction des noms propres. En effet, si les anthroponymes ne se traduisent plus aujourd’hui, de nombreux types de noms propres sont modifiés lorsqu’ils passent d’une langue à une autre, par exemple certains noms d’institutions ou la majeure partie des titres d’oeuvres littéraires.

Le besoin d’une vision différente du nom propre, qui prend en compte son caractère polymorphe et ne s’attarde pas à une opposition manichéenne avec le nom commun, se fait explicitement sentir. Si l’on désire que les ordinateurs puissent un jour traiter les noms propres, il est tout d’abord nécessaire de les décrire précisément, c’est-à-dire de circonscrire leur domaine d’application, les conditions de leur traduction, tout en n’oubliant pas que la séparation d’avec les noms communs est particulièrement difficile à établir.

Un des objectifs du présent recueil sera donc de jeter les bases du traitement automatique des noms propres.