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Wecksteen, Corinne et El Kaladi, Ahmed (2007) : La traductologie dans tous ses états. Mélanges en l’honneur de Michel Ballard, Arras, Artois Presses Université, coll. « Traductologie »[Notice]

  • Serge Marcoux

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  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

La retraite se dit en espagnol jubilación. Et quoi de plus réjouissant comme cadeau de départ que de voir célébrer le travail de toute une vie par des collègues et amis venant des quatre coins du monde ? Dix-huit collègues ont donc rassemblé les réflexions que leur avait inspirées l’oeuvre du professeur Michel Ballard dans ce livre traitant des aspects théoriques et pratiques de la traductologie. Un livre sérieux qui ne se prend pas au sérieux, comme en témoigne le titre de certains articles : « Traduire les textes nobles, traduire les textes ignobles : une seule ou deux méthodes ? », « Eau de rose, eau de vinaigre, itinéraire de “vrais amis”, ou une écriture à quatre mains. » Un livre illustrant le rôle de pont que joue la traduction non seulement entre différentes cultures et civilisations, mais également entre diverses époques au sein d’une même culture, ou encore entre différents médias comme le livre et le cinéma. Un livre qui souligne du même souffle que si les ponts rapprochent les hommes, ils rendent plus évidents ce qui les sépare et les contraintes qui en découlent. Faute de place, il serait impossible de résumer, même en quelques paragraphes, chacun de ces articles. Nous les avons donc rassemblés sous quelques titres pour donner une vue d’ensemble des grands thèmes qui y sont traités. Claude Bocquet et Françoise Wuilmart s’intéressent tous deux à la traduction littéraire, le premier pour se demander s’il existe vraiment une différence fondamentale entre traduction littéraire ou « noble » et traduction technique ou « ignoble », la deuxième pour considérer la traduction littéraire comme source d’enrichissement pour la langue d’accueil. Il devient de plus en plus évident qu’il ne peut se faire de traduction technique, que ce soit dans le domaine juridique, économique ou autre, sans une bonne connaissance des cultures dans lesquelles ces domaines ont pris naissance et ont évolué. La traduction littéraire, si elle fait, plus que la première, appel à la créativité du traducteur, exige une tout aussi bonne connaissance des cultures d’origine et de destination. Parler de « traduction créative » en l’opposant à « traduction mécanique » constitue donc un faux problème : l’une et l’autre expriment le même souci de rendre compréhensible, au lecteur enraciné dans sa propre culture, la pensée d’un auteur ayant vécu ou vivant dans un autre système culturel. Comprendre les cultures, c’est donc comprendre ce qui se cache derrière les mots. Et Françoise Wuilmart de le démontrer par le mot français « pain » et son alter ego allemand « brot » qui, pour être une traduction fidèle l’un de l’autre, ne correspondent physiquement ni à la même réalité, ni mentalement au même contexte (beurre et café noir pour l’un ; charcuteries et bière pour l’autre). Comprendre ces différences sans chercher nécessairement à les occulter en les acclimatant à sa propre culture, c’est aussi comprendre l’Autre ; accepter ces différences, accepter que le texte en langue d’arrivée reflète l’étrangéité du texte original, c’est aussi devenir un véritable Européen. Mais voilà, nous rappelle Lieven D’hulst, il est des réalités, voir des sentiments, qui ne peuvent se traduire dans toutes les langues. Comment traduire l’expression « Agneau de Dieu » en lapon, langue de pays où ces animaux sont inconnus ? Comment communiquer les sentiments d’un survivant de camp de concentration à un lectorat qui n’a pas vécu lui-même cette expérience ? En rendant possible la communication intertextuelle dans le premier cas, interculturelle dans le second. D’hulst suggère d’y parvenir par l’élaboration d’une méthode d’analyse applicable à des traductions faisant simultanément l’objet de plusieurs disciplines et en …

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