DocumentationComptes rendus

Şerban, Adriana et Jean-Marc Lavaur (éds) (2011) : Traduction et médias audiovisuels. Villeneuve d’Ascq : Les Presses Universitaires du Septentrion, 269 p.[Notice]

  • Valérie Florentin

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  • Valérie Florentin
    Université Laval, Québec, Canada

Cet ouvrage collectif publié dans la sous-collection Images et sons a pour volonté de pallier le manque d’études disponibles en français dans le domaine de la traduction audiovisuelle (TAV). Il propose donc quinze articles présentés dans le cadre du colloque international « La traduction audiovisuelle : approches pluridisciplinaires » tenu en 2008 à l’Université Montpellier 3 et répartis en cinq parties de longueur inégale puisque, sans grande surprise, doublage et sous-titrage s’octroient la part du lion. La première partie, Traduction, adaptation et réception, pose deux questions majeures et trop souvent ignorées par les chercheurs. Ainsi, Jean-François Cornu cherche à savoir quelle influence un public mieux informé pourrait avoir sur l’avenir de la TAV en termes de choix du mode (sous-titrage ou doublage) mais aussi sur qualité des traductions proposées. Teresa Tomaszkiewicz se demande plutôt « jusqu’à quelles limites l’ingérence du traducteur dans l’original est-elle acceptable » et prouve par l’exemple que le traducteur audiovisuel se doit d’être créatif s’il veut satisfaire le public polonais des films d’animation. Enfin, Eugénie Zvonkine s’intéresse au cas particulier des voice over présentés dans le cadre de festivals, lorsque les films viennent de pays à langues de faible diffusion. Plus particulièrement, elle étudie les divergences qui résultent de l’emploi d’une langue relais, souvent l’anglais, ou d’une langue interface, culturellement ou linguistiquement plus proche de la langue d’origine. La deuxième partie, Aspects culturels du sous-titrage et du doublage, présente quatre études de cas ; chacune illustre un aspect différent du traitement des éléments culturels en TAV, dont les contraintes complexifient déjà le travail du traducteur. Dans le premier chapitre, Christian Viviani retrace rapidement l’histoire du cinéma et plus particulièrement les débuts du doublage dans les années 1930. Il s’intéresse ensuite à l’âge d’or du cinéma italien (1958-1972) durant lequel nombre de films ont été tournés, muets, avec des acteurs connus et doublés par des voix qui permettaient une certaine distanciation entre l’acteur et son personnage ; ainsi naît une « créature » cinématographique, fruit du jeu d’un acteur et du travail dans l’ombre d’un doubleur, dont le résultat est supérieur à la somme des parties. En conclusion, l’auteur affirme/pose/estime/… que le doublage « se place bien au-delà d’une nécessité technique, pragmatique ou bassement économique ». Tatiana El-Khoury dresse, quant à elle, le portrait du sous-titrage, mode de TAV dominant dans les pays de langue arabe. Le sous-titrage y a été choisi pour des raisons économiques et politico-idéologiques, mais surtout pratiques, puisque l’arabe littéraire est une forme écrite plus que parlée. El-Khoury constate l’aseptisation des dialogues traduits, en raison de contraintes linguistiques (l’arabe littéraire se prête mal à la restitution de niveaux de langue) mais aussi institutionnelles (les allusions religieuses ou sexuelles sont souvent censurées), et conclut que le sous-titreur véhicule les valeurs de son époque. Cristina Valentini présente, dans le troisième chapitre, le corpus de la base de données multimédias Forlixt 1 de l’Université de Bologne. Elle analyse ensuite la traduction de noms de personnes célèbres, de lieux, de produits culturels et commerciaux, ainsi que d’aliments et de boissons, et observe une certaine tendance à l’étrangéisation, sauf si leur présence a un rôle central à l’acte de communication (dans le cas de l’humour verbal par exemple) ou, à l’inverse, accessoire (et donc effaçable). En conclusion de cette partie, Manar Rouchdy Anwar cherche à savoir « comment la traduction sous-titrée pourrait lever les barrières de l’incompréhension d’une certaine culture » et s’attache à l’implicite culturel pour constater que le traducteur a une mission qui va bien au-delà de la simple traduction et qu’il devrait se faire « le second metteur en scène du film ». …