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Pagnoulle, Christine (2012) : Traduire les droits. Liège : L3 – Liège Language and Literature, 179 p.[Notice]

  • Nathalie Pelletier

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  • Nathalie Pelletier
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Titulaire d’un doctorat en philologie germanique et littérature anglaise, Christine Pagnoulle enseigne à l’Université de Liège. D’emblée, elle mentionne dans son introduction que les régions du monde sont régies par des systèmes juridiques différents et que des traductions, truchement entre les langues et entre les références distinctes, sont donc nécessaires. Cet ouvrage met donc « […] en évidence les écarts et parfois les incompréhensions qui résultent de cette diversité dans le domaine juridique » (p. 5). Les textes de ce collectif ont été rédigés, pour la plupart, par des enseignants dont les domaines d’expertise sont variés, comme en fait foi leur notice biographique respective. Toutefois, ces personnes s’intéressent toutes à la traduction juridique sous un angle ou un autre. Précisons que Pagnoulle est active dans plusieurs champs de recherche, dont la traduction, la langue et la littérature d’expression anglaise, l’histoire de la littérature et la littérature comparée. L’ouvrage se décompose en thèmes distincts : les termes, les notions, les doublets, le droit romain et la Common Law ainsi que la question du multilinguisme. Ces thèmes sont envisagés selon une méthode contrastive qui invoque une variété de langues : le français, l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’arabe et le chinois. Le premier texte, de Françoise Lauwaert, traite des contacts entre droit occidental et droit chinois sous la dynastie des Qing. Suivent certaines des difficultés connexes. Premièrement, la présentation typographique de la traduction des codes qui se caractérise par une assez grande variété de tailles et de styles de caractères ainsi qu’une mise en page particulière, notamment des tableaux : Deuxièmement, la traduction de la jurisprudence qui, selon l’auteure, est « […] le produit d’un double processus de “traduction” interne : de la langue orale à la langue écrite d’une part, de la langue ordinaire à la langue bureaucratique, de l’autre […] » (p. 16). Troisièmement, le droit impérial est essentiellement pénal, ce qui n’est pas le cas du droit occidental. Par conséquent, il n’est pas toujours évident, pour le traducteur, de saisir les nuances entre des termes comme homicide par erreur, homicide par imprudence et homicide par accident. Sans oublier que ces crimes sont punis différemment ! Quatrièmement, le manque de mots pour rendre justice à la diversité. La restitution du sens de notions abstraites en droit chinois est particulièrement difficile, une difficulté tenant entre autres « […] aux sens différents donnés à la notion de justice en Occident et en Chine » (p. 23). Et cinquièmement, l’équivalence aux notions abstraites très présentes dans notre tradition, la langue chinoise étant très analytique et, par certains aspects, bien plus précise que le français (p. 25). Cette observation vaut notamment pour les termes de parenté. En Chine, la « […] terminologie de la parenté établit en effet une distinction très nette entre l’ensemble des personnes apparentées, d’une part, et les géniteurs, de l’autre » (p. 25). L’auteure en conclut que les « problèmes rencontrés […] découlent de différences profondes dans la langue et dans la société » (p. 27). L’article de Mouadih Nadjat, de Nardjess Benamar et de Mohamed Abdelatif Benamar porte sur la traduction de la notion d’adoption entre l’arabe et le français. À noter que le Coran est un texte juridique. « Le droit français reconnaît deux formes d’adoption, l’adoption plénière et l’adoption simple […] » (p. 35). Mais voilà que l’adoption est prohibée par le Coran. Elle « […] n’a donc aucune valeur juridique et n’est pas reconnue comme mode de filiation » (p. 38). Le droit coranique interdit l’adoption, mais reconnaît la kafala, soit la prise en charge d’un enfant n’impliquant aucun effet de filiation. Le terme …